SENAT : QUESTION ÉCRITE ET REPONSE « Intelligence artificielle et artistes-interprètes »

SENAT
Question écrite n° 07286 – 16e législature

Mme Jacqueline EUSTACHE-BRINIO (Val-d’Oise – Les Républicains) avait déposé une question écrite sur les inquiétudes suscitées par l’intelligence artificielle dans les secteurs d’activité des artistes-interprètes, et ce particulièrement depuis l’apparition de modèles d’intelligence artificielle générative, notamment dans le domaine sonore. La réponse du Ministère de la Culture vient d’être publiée :

Mme Jacqueline Eustache-Brinio attire l’attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications, sur les inquiétudes suscitées par l’intelligence artificielle dans les secteurs d’activité des artistes-interprètes.
En effet, des modèles d’intelligence artificielle générative ont fait leur apparition, notamment dans le domaine sonore. Ils permettent de produire rapidement des voix de synthèse humaines pour tout type d’usage à coût réduit. Par leur capacité à remplacer purement et simplement le travail humain et les prestations sonores des artistes, ils mettent gravement en danger l’activité des artistes-interprètes.
Les artistes-interprètes espèrent la mise en place rapide de garanties contractuelles, conventionnelles et législatives afin d’empêcher l’exploitation de leurs prestations artistiques enregistrées.
Par ailleurs, dans le cadre de la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle, ils espèrent également que le Gouvernement agira afin de renforcer drastiquement dans ce texte la protection des artistes, de leurs prestations et des oeuvres auxquelles ils participent, à travers la mise en place de dispositifs et mécanismes appropriés.
Au regard des risques croissants qu’engendre la montée en puissance des logiciels d’intelligence artificielle générative sur les professions d’artistes interprètes, elle lui demande si une règlementation française sera mise en place afin de prendre en compte la nécessité de préserver ces secteurs d’activités, particulièrement sensibles et d’assurer la protection de ces activités singulières.
Elle lui demande notamment si est envisagée la mise en place d’un registre officiel permettant de répertorier les autorisations, expressément accordées par les artistes-interprètes, visant les exploitations relatives à l’alimentation des bases de données de systèmes d’intelligence artificielle, esquissé dans le règlement général pour la protection des données (RGPD).
Elle lui demande également s’il est prévu que les oeuvres et contenus générés par des IA, même partiellement, soient clairement et explicitement identifiables en tant que tel par les publics.
Enfin, elle lui demande si les aides publiques à la création pourraient être conditionnées au respect de règles interdisant le recours aux intelligences artificielles génératives.

Publiée dans le JO Sénat du 15/06/2023 – page 3771

Transmise au Ministère de la culture


Réponse apportée en séance publique le 25/10/2023

L’essor des intelligences artificielles (IA) génératives, permettant de créer de nouveaux contenus à partir d’une grande quantité d’oeuvres existantes, est suivi de près par le ministère de la culture, afin notamment d’évaluer les conséquences du développement de ces technologies sur les secteurs de la création. Dès 2019, le ministère de la culture a ainsi confié au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) une mission sur les enjeux à la fois juridiques et économiques de l’IA dans les secteurs de la création culturelle. Le rapport, issu de cette mission et publié en 2020, présente ainsi un panorama des implications de l’IA pour le monde de la culture : statut des créations issues de l’IA, accès aux oeuvres sources et partage des données culturelles. Depuis, de nouvelles problématiques ont émergé. Certaines, comme la concurrence que ces nouveaux outils font peser sur les secteurs de la création, le développement des hypertrucages (« deepfakes ») ou encore l’utilisation de l’IA en matière de doublage, concernent directement les artistes-interprètes. Néanmoins, outre les incidences en matière de propriété littéraire et artistique qu’elle emporte, il est probable que l’intelligence artificielle générative aura également des conséquences importantes sur l’économie, les données personnelles, la productivité, le travail, les souverainetés industrielle et numérique de l’État. Au regard de ces enjeux très vastes, la Première ministre a annoncé, le 28 août dernier, la mise en place d’un comité interministériel sur l’intelligence artificielle générative, dont la première réunion s’est tenue le 19 septembre. Ce comité est co-présidé par l’économiste Philippe Aghion et par la présidente du conseil d’administration de l’ENS-PSL et du festival Séries Mania Anne Bouverot, entourés de 13 experts éminemment reconnus dans le domaine de l’IA dont Alexandra Bensamoun, professeure de droit privé à l’Université Paris Saclay, spécialiste en droit de la propriété littéraire et artistique et en droit du numérique, personnalité qualifiée du CSPLA. En articulation avec ce comité interministériel, la ministre de la culture a constitué un groupe spécifique sur l’impact de l’IA dans le secteur culturel, autour de cinq experts : Alexandra Bensamoun, qui portera notamment les travaux du groupe sectoriel au niveau du comité interministériel ; Antonin Bergeaud, professeur associé à HEC Paris, économiste de la croissance économique et de l’innovation ; Benoît Carré, auteur, compositeur, producteur et interprète, qui collabore avec des chercheurs sur les liens entre IA et musique ; Marion Carré, cheffe d’entreprise, fondatrice d’Ask Mona, qui met l’IA au service des institutions culturelles ; Bruno Patino, président d’ARTE, auteur et professeur associé à l’École de journalisme de Sciences Po. Ce groupe, dédié aux enjeux culturels, travaillera notamment sur les potentialités de l’IA au service de la création et de l’accès à la culture, l’évolution du régime juridique permettant de protéger les droits d’auteur et droits voisins tout en développant l’IA, la fiabilité de l’information, la valorisation des oeuvres et des contenus culturels français et francophones et l’impact de l’IA sur les métiers créatifs, la chaîne de valeur et la formation. Le comité interministériel et le groupe sectoriel présenteront leurs recommandations au Gouvernement d’ici six mois. Au niveau européen, le ministère de la culture entend défendre la mise en place d’une régulation équilibrée des intelligences artificielles génératives. Pour cela, il sera force de proposition afin d’ajuster le cadre européen dans le but de préserver le travail des auteurs, autrices et artistes interprètes, ainsi que la pérennité de leurs droits.

Publiée dans le JO Sénat du 26/10/2023 – page 6071

QUESTION ET REPONSE SUR LE SITE DU SENAT : https://www.senat.fr/questions/base/2023/qSEQ230607286.html

Nos newsletters

Avril 2024 – « En Bref : Mars – Avril »

Janvier 2024 – Newsletter n°6 

Décembre 2023 – « En Bref : Novembre – Décembre »

Novembre 2023 – Newsletter n°5

Octobre 2023 – « En Bref : Septembre – Octobre »

Septembre 2023 – Newsletter n°4

Juin 2023 – « En Bref : Mai – Juin »

Mai 2023 – Newsletter n°3

Avril 2023 – « En Bref : Mars – Avril 2023 »

Mars 2023 – Newsletter n°2

Février 2023 – « En Bref : Janvier – Février 2023 »

Janvier 2023 – Newsletter n° 1


Notre première « newsletter » date de janvier 2023.
Auparavant notre bulletin « En Bref » était uniquement

en version papier…
Retrouvez les désormais ci-dessous

(mise à jour en cours de réalisation 😉)


Novembre – Décembre 2022

Septembre – Octobre 2022

Mai – Juin 2022

Mars – Avril 2022

Janvier – Février 2022

Novembre – Décembre 2021

Septembre – Octobre 2021

Mai – Juin 2021

Janvier – Février 2020

Novembre – Décembre 2019

Septembre – Octobre 2019

Mai – Juin 2019

Mars – Avril 2019

Janvier – Février 2019

Novembre – Décembre 2018

8e Journée art et essai du cinéma européen – 12 novembre

L’AFCAE et la CICAE (Confédération Internationale des Cinémas Art et Essai), en partenariat avec Europa Cinemas, organisent le dimanche 12 novembre 2023, la 8e Journée Art et Essai du Cinéma Européen / European Arthouse Cinema Day.

Depuis 2016, plus de 700 cinémas dans plus de 40 pays ont participé à l’événement, proposant un magnifique panel de programmations riches d’avant-premières, de films Jeune Public, Public Jeune et Patrimoine/Répertoire du cinéma européen et d’animations. Avec des invités, des débats et des expositions, la Journée est aussi protéiforme que le cinéma européen lui-même.

Objectifs
– Mettre en lumière au niveau international les salles Art et Essai et leur action pour la diversité cinématographique européenne ;
– Promouvoir l’image du cinéma européen ;
– Susciter l’enthousiasme des jeunes spectateur·rices pour les films européens ;
– Souligner le rôle des cinémas comme lieux de rencontres et de lien social sur les territoires ;
– Consolider et élargir le réseau des salles Art et Essai en Europe et à travers le monde.

La Journée Art et Essai du Cinéma Européen est financée internationalement par le programme Creative Europe MEDIA de l’Union européenne, Eurimages, le German Federal Film Board et Europa Cinemas.
Elles est parrainée par le Ministère de la culture en France.

Plus d’informations sur le site internet
 artcinemaday.org,
 Facebook 
et Instagram !

 Journée Culte ! Les territoires s’emparent de la culture »

Territoires et Cinéma est heureux de participer à cette journée initiée par « Villes de France » qui est partenaire de la première édition de la « Journée Culte ! Les territoires s’emparent de la culture »qui a lieu ce jeudi 12 octobre à Saint-Dizier.
Cette journée a vocation à valoriser et/ou à faire découvrir des initiatives qui démocratisent l’accès à la culture en dehors des grandes métropoles et qui ont fait leurs preuves sur le terrain. C’est une marque de l’engagement de la ville de Saint-Dizier en faveur de la promotion et de la diffusion de la culture dans les territoires français et notamment dans les villes moyennes.
Le temps d’une journée, la ville de Saint-Dizier deviendra ainsi un démonstrateur d’initiatives culturelles d’envergure et accueillera des personnalités et décideurs nationaux et régionaux sur son territoire. Des exemples locaux concrets seront mis en avant comme MUSE, les micro-folies, « la Beauté sauvera le monde », les orchestres d’enfants

Démos… et d’autres dispositifs culturels inspirants.

« En Bref » – Septembre – Octobre 2023

EDITO : une rentrée studieuse

Ce numéro est pour nous l’occasion d’attirer votre attention sur trois textes importants, le rapport de la Cour des Comptes sur les exercices de 2011 à 2022 du CNC, une étude du CNC portant sur les pratiques cinématographiques des Français en 2023, comparées aux années précédente et un projet de loi au Sénat.
Les deux premiers textes sont d’autant plus importants qu’ils surviennent après une période particulièrement difficile, marquée par une baisse de la fréquentation provoquée par la fermeture des salles, et par la publication de plusieurs rapports proposant une réforme du cinéma.

Notre sommaire…

Rapport de la cour des comptes sur le C. N. C

Le rapport de la Cour des Comptes rappelle tout d’abord l’importance du CNC et formule 10 recommandations aux Pouvoirs Publics (CNC, Ministère des finances et Ministère de la Culture).
Vous trouverez ce rapport et ces recommandations ici

Les pratiques cinématographiques des français en 2023

Quant à l’étude du CNC sur les pratiques cinématographiques des Français, elle montre que le COVID a eu à terme moins de conséquences que l’on aurait pu le craindre, et constate en effet le retour à des pratiques « traditionnelles ».

La synthèse de cette étude présente 6 axes :
– le cinéma, lieu privilégié pour découvrir de nouveaux films ;
– la sortie cinéma, une dimension sociale essentielle ;
– la proximité, 1er critère dans le choix du cinéma ;
– une sortie davantage anticipée qu’avant-crise, dans les premiers jours suivant la sortie de nouveaux films ;
– une place toujours plus importante d’internet dans les pratiques liées au cinéma ;
– une animation des cinémas de plus en plus appréciée, notamment par les spectateurs assidus.

Retrouvez les ici en détails

La PPL sur la réforme du cinéma

La proposition de loi quant à elle fait suite au rapport sénatorial intitulé « Le cinéma contre-attaque » de mai 2023. 
Retrouvez ici cette PPL

Dans le temps où la proposition de loi visant a conforter la filière cinématographique en France  a été rendu publique, un avenant à la chronologie des médias a été signé par la profession et publié au journal officiel : Un avenant au texte réglementant la chronologie des médias vient d’être signé. Il concerne les délais prévu pour la diffusion des films entre les télévisions gratuites et les SMAD (service média audiovisuel à la demande), et ce à titre d’expérimentation. Cet accord à fait l’objet d’un arrêté du Arrêté du 29 septembre 2023 portant extension de l’avenant du 25 septembre 2023 à l’accord pour le réaménagement de la chronologie des médias du 24 janvier 2022. Lire cet avenant

Et à retrouver aussi dans notre bulletin...

  DES NOUVELLES DU CINEMA 

La nouvelle présidente des CIP -l’association Cinémas Indépendants Parisiens- créée en 1992, fédère 29 cinémas, 71 écrans dans 12 arrondissements de la Capitale. L’association vient d’élire une nouvelle Présidente : Priscilla Gessati, directrice du cinéma l’Entrepôt à Paris 14ème. Le Conseil est composé des responsables des cinémas : 3 Luxembourg, Luminor Hôtel de Ville, Max Linder Panorama, Cinéma des Cinéastes, Nouvel Odéon, Grand Action.

3 salles en centre-ville pour la Garenne-Colombes

Une rentrée sous des auspices cinématographiques  our la commune, puisque un avis favorable a été donné pour la création de ces 3 salles, pouvant accueillir jusqu’à 370 spectateurs. Fin des travaux prévue en 2026. Retrouvez la présentation du projet sur le site de la commune.

Alice Guy » à Bobigny

Un autre cinéma de centre-ville verra le jour en 2025 (6 salles, 880 places). Le Territoire d’Est Ensemble a engagé une démarche intéressante puisqu’un vote a été proposé aux habitants pour décider du nom de l’établissement, et c’est donc Alice Guy qui a remporté les suffrages. Il est à noter que L’Écran Nomade permettra la tenue de séances itinérantes dans les différents équipements de la ville.

Le Trianon de Romainville fête ses 70 ans !

Après les nouveaux, place aux anciens ! Un cinéma emblématique dans la cinéphilie de beaucoup, car outre son rôle de cinéma de proximité, « Le Trianon » avait été choisi à l’époque par l’équipe de « La Dernière Séance », émission emblématique du paysage audiovisuel français d’alors, et dans laquelle Eddy Mitchell a transmis sa passion du cinéma. « Le Trianon », comme ce sera le cas du cinéma.« Alice Guy » cité plus haut, fait partie du réseau de cinémas publics, Est Ensemble.

CLERMONT-FERRAND 2024 : l’affiche dévoilée !

« C’est avec un ravissement non dissimulé que nous vous dévoilons l’affiche officielle du 46e festival du court métrage de Clermont-Ferrand réalisée par la talentueuse illustratrice américaine Stacey Rozich. » C’est ainsi que le Festival a communiqué en septembre. Prenez date : l’édition 2024 se tiendra du 02 au 10 février.

Festival des 3 continents : l’affiche aussi…

Le Festival des 3 Continents a lui aussi révélé son affiche, celle de sa 45ème édition qui se tiendra à Nantes du 24 novembre au 3 décembre 2023 à Nantes et en Loire-Atlantique. Il s’agit d’un portrait de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye à laquelle le festival rend hommage à travers une rétrospective intégrale de son œuvre.

Et aussi, le 6e barometre cofac : les resultats
Nous vous en avons fait part sur notre site cet été, les résultats du 6e baromètre COFAC révèlent un «grand épuisement». « L’épuisement physique et moral des responsables associatifs est patent et plus important dans le secteur culturel que dans les autres champs associatifs. » Il ne faut pas le négliger, cette situation est inquiétante aussi pour les cinémas dont l’action est soutenue par des équipes bénévoles. Dans une interview à Télérama, la Présidente de la COFAC Marie-Claire Martel précisait les craintes du secteur associatif culturel : « Ce qui nous inquiète le plus ce sont les conséquences démocratiques. Moins de culture et moins d’engagement citoyen dans la culture signifie aussi moins de cohésion sociale et une intégration plus difficile des nouveaux arrivants ».

Et sans oublier, les Jeux olympiques qui inquiètent fort tous ceux qui organisent des rencontres culturelles rassemblant un large public. Le pire a été évité puisque les Pouvoirs Publics ont annoncé en octobre 2022 lors de la Commission Culture du Sénat qu’aucun festival culturel ne pourrait se dérouler durant la période des JO… Grâce aux efforts des représentants de la profession, en particulier du Président de la FNCC Frédéric Hocquard, la situation est simplifiée : tous les festivals qui n’ont pas besoin des forces de police, des CRS ou de gendarmes, pourront avoir lieu. Une inquiétude demeure néanmoins car les Préfets peuvent toujours interdire un festival dès lors qu’ils estiment que des débordements sont à craindre.

Chronologie des médias : nouvel avenant

Dans le temps où la proposition de loi visant a conforter la filière cinématographique en France a été rendu publique, un avenant à la chronologie des médias a été signé par la profession et publié au journal officiel :
Un avenant au texte réglementant la chronologie des médias vient d’être signé. Il concerne les délais prévu pour la diffusion des films entre les télévisions gratuites et les SMAD (service média audiovisuel à la demande), et ce à titre d’expérimentation. Cet accord à fait l’objet d’un arrêté du Arrêté du 29 septembre 2023 portant extension de l’avenant du 25 septembre 2023 à l’accord pour le réaménagement de la chronologie des médias du 24 janvier 2022.

Lire cet avenant

Proposition de loi visant a conforter la filière cinématographique en France

Dans notre dernier numéro (Mai-Juin) nous vous avions présenté un rapport d’information du Sénat rédigé par Mmes Céline Boulay-Espéronnier, Sonia de la Provôté et par M. Jéremy Bacchi. A la suite de ce rapport, ils ont déposé une proposition de loi qui constitue la traduction législative du rapport. Pour mémoire, le rapport était intitulé « Le cinéma contre-attaque : entre résilience et exception culturelle, un art majeur qui a de l’avenir ». Il a été adopté à l’unanimité par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication le 24 mai 2023. Le texte adopté y précisait déjà que « Si l’essentiel des 14 recommandations de la mission relève des compétences du CNC, un certain nombre nécessite en effet une évolution du code du cinéma et de l’image animée (CCIA). Tel est l’objet de la présente proposition de loi. » Nous vous présentons ci-après des extraits de cette proposition de loi, qui comporte comme c’est toujours le cas, la référence à des suppressions de texte réglementaires ou législatifs
existants.
Vous le trouverez bien sûr dans le texte intégral de la proposition de loi

Les extraits publiés ci-dessous précisent les objectifs.

L’article 1er, qui s’inscrit dans la lignée des travaux de la mission de Bruno Lasserre (…),vise à assouplir l’encadrement des cartes d’accès illimitées dans les cinémas. L’article 1er propose tout d’abord une nouvelle rédaction pour l’article L. 212-27 du CCIA. L’agrément du président du CNC serait ainsi remplacé par un système plus souple tout en maintenant un encadrement minimum permettant de répondre aux deux objectifs du dispositif : assurer d’une part une juste rémunération des distributeurs et des ayants droit et, d’autre part, des conditions équitables d’accès à la formule pour les exploitants indépendants. Les exploitants qui désirent commercialiser des cartes illimitées devront déterminer un prix de référence par place, qui servira de base à la rémunération des distributeurs et des ayants-droits. (…)
En plus de mesures de coordination aux articles L. 212-28 et L. 212- 29 du CCIA, l’article 1er adapte l’encadrement des modalités d’association à la formule des exploitants indépendants prévu à l’article L. 212-30 du même code. Sous certaines conditions de fréquentation,un exploitant peut en effet demander à intégrer la formule de carte illimitée proposée dans sa zone d’attraction par un autre exploitant ou réseau.(…)

L’article 2 prévoit des dispositions transitoires pour les agréments qui seraient encore en cours de validité à la date de promulgation de la proposition de loi.

L’article 3 ouvre la possibilité aux exploitants de proposer en ligne des tarifs promotionnels sur le prix des billets.

L’article 4, vise, sur le modèle des engagements de programmation des salles, à définir des engagements de diffusion. La mission a en effet constaté que les œuvres classées en Art et Essai (AE) étaient moins souvent proposées dans certaines zones du territoire. Il est ainsi proposé que les distributeurs soient tenus de consacrer une part minimale du plan de diffusion à des établissements situés dans des périmètres géographiques identifiés au regard de leur faible nombre d’habitants.

L’article 5 de la proposition de loi compléterait l’article L. 421-1 du CCIA pour donner au CNC un pouvoir de sanction administrative en cas de méconnaissance par les distributeurs de leurs obligations.

L’article 6 propose de conditionner le bénéfice des aides du CNC au respect par les producteurs des rémunérations minimales prévues dans les accords étendus relatifs à la rémunération des auteurs pris en application de l’article L.132-25-2 du code de la propriété intellectuelle et de critères environnementaux.

L’article 7 procède à des modifications d’articles du CCIA pour les rendre compatibles avec la proposition de loi.

Les 6 axes de la synthèse

Le cinéma, lieu privilégié pour découvrir de nouveaux films
Après avoir indiqué que la fréquentation est redevenue normale en 2023, le rapport constate que «les spectateurs continuent à considérer que la salle de cinéma est le meilleur moyen pour découvrir de nouveaux films (à 81,5 %), loin devant la télévision ou la vidéo à la demande (VàD)». Il signale ensuite que les spectateurs sont satisfaits de la qualité des cinémas. On notera qu’une précision est apportée concernant la VàDA (vidéo à la demande par abonnement) : « une pratique légèrement moins répandue que le cinéma : selon le baromètre OTT NPA-Harris Interactive du dernier trimestre 2022, 55,7 % des Français déclarent être abonnés à au moins un service de VàDA (vidéo à la demande par abonnement) contre 62,5 % qui se sont rendus au moins une fois en salles en 2022.»

La sortie cinéma, une dimension sociale essentielle
79,7 % des spectateurs sont allés au cinéma à plusieurs en 2023. Toutefois 31,4 % des spectateurs assidus se sont rendus seuls à leur dernière séance de cinéma.

La proximité, 1er critère dans le choix du cinéma
82,6 % des spectateurs viennent de leur domicile, et 92,5 % se rendent au cinéma en moins de 30 minutes, et seulement un Français sur deux a un cinéma dans sa commune. Bien que le mode de transport privilégié demeure la voiture, on peut constater que le nombre de spectateurs étant à plus de 30 minutes d’un cinéma reste constant. Une précédente étude du CNC montrait qu’en 2016 le pourcentage était de 6,8, pour arriver selon l’étude de 2023 à 7,5%.

Une sortie davantage anticipée qu’avant-crise, dans les premiers jours suivant la sortie de nouveaux films
82,6 % se rendent au cinéma dans les 15 jours suivant leur sortie. Depuis la crise sanitaire 33 % des spectateurs réservent leur place en 2023, contre 25,6 % en 2019. Et, en 2019 toujours, 68,5 % des spectateurs décidaient d’aller au cinéma la veille ou plusieurs jours à l’avance, en 2023 ce pourcentage est de 70,9%.

Une place toujours plus importante d’internet dans les pratiques liées au cinéma
En 2023, 55,5 % des spectateurs se décident grâce à la bande-annonce vue au cinéma, contre 38,1 % décidés par internet, dépassant ainsi la télévision en 2023 dont le pourcentage est de 32,9 %. L’usage des réseaux sociaux se développe, particulièrement chez les jeunes de 15-24 ans et les adultes de 25-34 ans. 81,2 % des réservations se font sur ordinateur ou application mobile (la réservation via une application atteint son plus haut niveau en 2023, soit 36,1 %, particulièrement prisé par les 35-49 ans)

Une animation des cinémas de plus en plus appréciée, notamment par les spectateurs assidus
Avant-première, ciné-club, conférence, retransmission de spectacle ou de sport dans une salle, etc…attirent davantage de spectateurs en 2023 (36,1 % contre 31,5 % en 2022), part encore plus élevée chez les assidus (53,9 %). L’étude précise que la fréquentation assidue des salles de cinéma va de pair avec des pratiques culturelles diversifiées (expositions, musées, concerts, théâtres).

Cour des Comptes : rapport sur le C.N.C

Ce rapport de 130 pages adressé aux Pouvoirs Publics est bien évidemment beaucoup trop important pour que nous puissions en publier même un résumé.  Adressé aux Pouvoirs Publics il a donc fait l’objet de réponses circonstanciées.

Citons simplement ici la reconnaissance par la Cour des Compte de l’importance du CNC : 
« Opérateur culturel de tout premier plan, tête de réseau incontournable, le CNC mobilise l’ensemble des leviers de l’action publique à destination des filières cinématographiques et audiovisuelles, assumant la réglementation, organisant la concertation  et protégeant les droits  associés aux œuvres. Il dispose d’instruments puissants tels que le versement de soutiens  publics (680 M€ en 2022) et un pouvoir d’agrément aux différents crédits d’impôt (545 M€ en 2022). Le CNC se situe au quatrième rang des établissements publics collecteurs de taxes affectées qui constituent son mode de financement principal (Le total des taxes affectées à l’établissement et de ses ressources propres s’élève à 854 M€ en 2022, dont 645 M€ sont collectées par l’établissement lui-même – TSA, TST, et cotisations professionnelles).»

Cette reconnaissance est d’ailleurs confirmée par la Première Ministre dans sa réponse «le CNC joue un rôle essentiel au service des secteurs de l’image animée. Son activité de soutien aux filières, tout comme son activité de régulation, contribue à l’efficacité de la politique culturelle française, en termes de niveau de fréquentation (…) de part de marché des films nationaux (…) ou de récompenses dans les festivals les plus prestigieux.»

Quant à la Ministre de la Culture elle constate que «le CNC contribue de façon décisive à notre modèle d’exception culturelle » mais elle souligne aussi que le CNC est aussi «une administration qui dispose d’une réelle expertise métier, en prise directe avec les enjeux des filières qu’elle couvre. Le dialogue constant avec les professionnels est  ce qui permet au Centre d’anticiper avec agilité les tendances, et ainsi de préserver des équilibres fragiles, malgré les évolutions aussi rapides que profondes des secteurs en cause. » 

Lire la totalité du rapport sur le site de la Cour des Comptes.

LES 10 RECOMMANDATIONS DE LA COUR DES COMPTES

n° 1. (Ministère de la culture, ministère des finances) : Mettre en place un  contrat d’objectifs et de performance conformément aux procédures prévues pour les opérateurs  de l’État. 

n° 2. (Ministère de la culture, ministère des finances) : Prévoir une lettre de  mission adressée par les ministères de tutelle au président du CNC. 

n° 3. (CNC, ministère des finances, ministère de la culture) : Créer un comité  d’audit rattaché au conseil d’administration. 

n° 4. (CNC) : Établir une présentation budgétaire et comptable plus simple et  proposer des explications claires et concises du passage entre la comptabilité budgétaire et la  comptabilité générale. 

n° 5. (CNC, ministère des finances) : Procéder annuellement à une revue des  provisions et à leur ajustement en fonction des risques statistiquement constatés.

n° 6. (CNC, ministère des finances, ministère de la culture) : Mettre en place  un commissariat aux comptes afin d’améliorer la transparence et la lisibilité des comptes. 

n° 7. (CNC) : À la suite de la revue générale des soutiens, mettre en œuvre  une réforme approfondie des aides. 

n° 8. (CNC) : Produire chaque année un état détaillé de l’état d’avancement  des projets de numérisation et rendre publique la liste des œuvres numérisées. 

n° 9. (CNC) : Renforcer le service de l’inspection afin d’augmenter le nombre  de contrôles. 

n° 10. (CNC) : Mettre à jour le plan stratégique informatique, renforcer le  pilotage de la fonction SI, assurer la livraison de l’application « CNC Mes aides »