INVENTER LES TERRITOIRES CULTURELS DE DEMAIN

Date limite de candidature : 20 février 2017

Formation continue :
4 modules d’avril à septembre 2017 (119 heures de formation)
Grenoble (x2), Bruxelles, Berlin

Les métiers de la culture doivent s’adapter à un nouveau contexte : tarissement des financements publics, recomposition des territoires, transition numérique, pluralisme culturel, demande accrue de participation ou encore essor de l’économie collaborative et créative. Les changements en cours invitent à une évolution profonde des stratégies culturelles.
Le Cycle national propose un cadre reconnu de formation pour aider les acteurs des arts et de la culture à répondre à ces défis.

Après 10 ans d’existence, le Cycle national continue d’accentuer sa vocation européenne, exploratoire et prospective. Itinérant, il est organisé sous forme de 4 modules répartis entre avril et septembre 2017 à Grenoble, Berlin et Bruxelles.

La formation vise à accroitre les capacités d’élaboration de stratégies liées au développement culturel en prenant en compte les différents niveaux de territoire, les transformations des cadres et des objectifs de l’action publique, l’évolution des pratiques professionnelles et des comportements culturels, et les nouvelles modalités de financement des projets.

Dossier de candidature : cliquer ici

 

La fille inconnue

On ne pourra jamais reprocher aux frères Dardenne de faire des films de carte postale. Et on leur en sait gré. Ceci étant… Revoilà un décor terne, et une héroïne en quête obsessionnelle. Ici, le décor, c’est la ville de Liège (en tout cas ses coins les moins attrayants), et l’héroïne principale est une jeune médecin généraliste qui fait de sa quête une enquête pour ainsi dire policière. Incarnée par Adèle Haenel, elle croise sur sa route certains habitués de la galaxie Dardenne (Olivier Gourmet, Jérémie Rénier) et de beaux personnages plus vrais que nature. L’ensemble est loin d’être déplaisant, mais n’emballe pas pour autant.

Le docteur Jenny Davin, à la conscience professionnelle à toute épreuve, culpabilise de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune femme, qui sera retrouvée morte à proximité le lendemain. Rongée, elle se lance avec obstination à la recherche de l’identité de cette Fille inconnue. Or la culpabilité est un virus contagieux, et le seul antidote consiste à libérer la parole, et donc la vérité.

Adèle Haenel est parfaite, et on la suit, malgré les traits fermés de son personnage, à chaque plan, redoutant ses choix, craignant les menaces, éprouvant sa solitude. « Fille inconnue » à sa manière derrière sa profession, elle transmet si bien sa culpabilité qu’autour d’elle se met en place un ballet social à son tour culpabilisant, où l’idée d’un « carré des indigents » deviendrait à juste titre insupportable. On retrouve donc aussi le savoir-faire des Dardenne pour dessiner une impeccable critique sociale et morale, et diriger leurs acteurs tout aussi impeccablement. Seulement, en dépit de son rythme et de la force de certaines scènes, cette variation sur le même thème souffre peut-être d’un classicisme… maison.

Le ciel attendra

« Liberté de conscience ou conscience capturée ? » Que vivent les adolescents touchés par le religieux ? Le questionnement parcourt tout le film de Marie-Castille Mention-Schaar. A travers l’histoire croisée de deux familles confrontées à la radicalisation de leurs enfants, la réalisatrice pose un regard juste et pertinent sur l’embrigadement des jeunes au djihad.

D’un côté, une maman cherche à retrouver sa fille partie en Syrie, quitte à y aller elle-même. De l’autre, une famille tente de renouer avec leur fille rattrapée, elle, à l’aéroport, alors qu’elle était sur le départ via Istanbul. Au milieu, une spécialiste, Dounia Bouzar elle-même, s’attelle à démêler l’écheveau formé dans ces jeunes esprits par les recruteurs islamistes sur le web. Aucun point de vue n’est négligé : les errements et les douleurs de la mère incarnée par la formidable Clotilde Coureau, la tension et l’incompréhension du couple qui a récupéré sa fille aînée de justesse ; et tandis que cette adolescente rageuse et effrayée parvient peu à peu à se retrouver, cette autre se transforme petit à petit pour s’éloigner inexorablement d’une vie d’ado jusqu’alors tout à fait normale.

Chaque scène fait sens, et fait frémir. Car comme le dit l’un des personnages, on ne sait pas ce qui se passe dans la tête de nos enfants. Et les questions restent ouvertes. Brillamment interprété tant par les adultes que par les deux jeunes actrices, le film bénéficie d’un scénario soigné et d’un montage qui évite le récit linéaire, pour ne pas desservir un sujet si périlleux. C’est là du vrai cinéma, alarmant certes, nécessaire donc, mais où l’optimisme l’emporte : le ciel attendra !

Juste la fin du monde

Ah qu’il est beau, Louis ! Sous les traits de Gaspard Ulliel, le personnage central de Juste la fin du monde illumine le film. Après douze ans d’absence, il rend visite aux siens : sa mère, sa petite sœur, son grand frère et l’épouse de ce dernier. Il est porteur d’une mauvaise nouvelle, qu’il n’arrive pas à énoncer. On s’attache immédiatement à sa présence, à ses silences, à son regard. L’alter ego sublimé du dramaturge Jean-Luc Lagarce, dont la pièce éponyme est ici portée à l’écran par Xavier Dolan, est pour ainsi dire le seul, hélas, qui nous touche véritablement.

Avec cette adaptation, Dolan, grand gamin doué du cinéma récompensé à Cannes, n’a pas choisi la facilité tant l’écriture de Lagarce est théâtrale. C’est là le principal tort, en fait, du film : pour ceux qui connaissent la pièce de théâtre, les choix esthétiques, disons-le franchement criards, portent à la caricature gênante des personnages sensés représenter bien au contraire les « gens normaux », ceux qui n’ont « rien d’extraordinaire » (devaient-ils forcément avoir mauvais goût ?). La famille avec laquelle Louis l’artiste homosexuel ne partage rien, le lui rend bien. Elle se trouve tout aussi désemparée face à lui et à son univers. Le monde de l’enfance et du passé commun s’est scindé en vies douloureusement irréconciliables.

Mais le trait est bien trop forcé, tant sur les costumes, les décors que sur les plans serrés à répétition, pour signifier ce qui dans le texte est, à coups d’hésitations verbales, limpide et subtil. Ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Lagarce n’en seront peut-être nullement gênés et apprécieront la distribution épatante. Pour les autres… et pour tout spectateur, on aurait aimé être bien plus ému, voire bouleversé par ce drame universel qu’est la réunion de famille.

Les cahiers du cinéma – Octobre 2016 –

les-cahiers-octobre

Éditorial

L’art de la rue par Stéphane Delorme

Événement

- Jim Jarmusch à New York

Une meilleure Amérique par Nicholas Elliott
« Je suis un dilettante » entretien avec Jim Jarmusch

Cahier critique

Apnée de Jean-Christophe Meurisse
Diogène en 2016 entretien avec Jean-Christophe Meurisse
Olli Mäki de Juho Kuosmanen
Ta’ang de Wang Bing
« Pour eux, la réalité est comme la nuit » entretien avec Wang Bing
Le Cancre de Paul Vecchiali
Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton
Bleeder de Nicolas Winding Refn
Moi, Daniel Blake de Ken Loach
Notes sur d’autres films Chouf – Dans le noir – Don’t Breathe – La Danseuse – Dogs – La Fille inconnue – Frantz – Homo Sapiens – Ma vie de courgette – Mal de pierres – Mercenaire – On revient de loin – Poesía sin fin – Le Teckel – Voyage à travers le cinéma français

Journal

Festival  Venise prend l’eau
Rencontre  Frank Henenlotter, l’odeur de New York
Rétrospective  Cinéma allemand à Locarno
Documentaire  Actualité de Cinéma, de notre temps
Animation  Michel Ocelot, quatre nuits d’un conteur
Marché  La VOD, comment ça va ?
Reprise  Du soleil dans les yeux d’Antonio Pietrangeli
Reprise  Trois films d’Uri Zohar
Rencontre  Luis Puenzo, l’histoire en direct
DVD Henry Hathaway, thriller et fantaisie
DVD  King : mémoire d’un rêve
Festival Brèves histoires de Vila do Conde
Festival Lussas : combats communs
Festival Fantastique Montréal
Notes DVD Les films du Front populaire – Coffret Mario Ruspoli
Notes livres Sauve qui peut (la révolution) de Thierry Froger – Les Eaux de la mort d’Olivier Schefer
News internationales
Disparitions Arthur Hiller , Gene Wilder, Claude-Jean Philippe, Jacqueline Pagnol, Lluís Carbó

Réplique

-  Stranger Things

Derrière le voile d’ombre par Stéphane du Mesnildot

Enquête

- Exploitation

La loi de la jungle par Jean-Sébastien Chauvin

Cinéma retrouvé

- Akira Kurosawa

Kurosawa au pouvoir par Cyril Béghin

Entretien

- Amir Naderi

L’enflammé par Jean-Philippe Tessé
Défoncer des montagnes entretien avec Amir Naderi

BD

Misfits par Luz

positif

 

Dossier
Que reste-t-il de la cinéphilie ?
Claude Barras
Ma vie de Courgette
Alejandro Jodorowsky
Poesia sin fin
Kleber Mendonça Filho
Aquarius
« Du soleil, tout le temps, tout le temps » Catherine Deneuve vue par Pierre Lhomme
Féminisation de l’ennemie et guerre au Vietnam
Quelques documentaires de Mario Ruspoli
The Knick – La série, ou comment gérer la profusion

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Benoît Poelvoorde

Couverture. C’est arrivé près de chez lui, à Bruxelles, là où Poelvoorde est encore plus sauvage. Le vrai roi des Belges dégaine : argent, télé, Dardenne… Surtout, il parle de la vie, et de la vie d’un acteur en Belgique.

Ken Loach

Hors cadre. A 80 ans et deux Palmes d’or au compteur, la saine colère de Ken le survivant contre le néo-libéralisme n’a rien perdu de sa force, bien au contraire.

Cao Cao, a Chinese man

Reportage. Jonathan Kos-Read est baraqué, beau gosse et californien. C’est la plus grande star de cinéma que personne ne reconnaîtra jamais sur Hollywood Boulevard.

Todd Solondz

Portrait. L’homme est discret, ses films indé parfois beaucoup moins. Pédophilie, inceste, dépression… Todd Solondz jongle volontiers avec les tabous avec une forme de noirceur pince-sans-rire qui n’appartient qu’à lui.

Murika !

Décryptage. On le sait peu, mais Michael Moore n’a pas le monopole du docu partisan. En Amérique, des sympathisants républicains s’y sont mis pour laver les affreux mensonges des libéraux et propager la « bonne parole » conservatrice.

Nancy Allen & les garçons

Interview. Dans les années 70, elle a été la créature blonde, femme fatale et compagne d’un Brian De Palma au sommet de son art.

Rabah Nait Oufella

Portrait. Ses petits yeux noirs malicieux percent dans Nocturama, et bientôt dans Grave. A 23 ans, le gamin qui a découvert le cinéma en recevant la Palme d’Entre les murs n’est jamais là où on l’attend : ni dans le rap, ni à tenir les murs.

Dario Argento

Légende. Son nom est synonyme du meilleur cinéma de genre européen, le père du slasher, du giallo. Très vite, il est rentré avec élégance dans nos esprits avec l’inestimable collaboration d’un autre bon vieux gourou, Ennio Morricone.

Javier Cercas

Extra. L’écrivain espagnol a beau adorer ce qu’il appelle « le point aveugle » dans ses romans, il n’en reste pas moins avide de cinéma.