De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites

Quelle bonne idée d’avoir ressorti ce film rarement visible, le second réalisé par l’acteur Paul Newman.
Après Rachel, Rachel en 1968, le comédien y dirige de nouveau son épouse Joanne Woodward dans un rôle de femme abandonnée, un rien névrosée. A des années lumière des films de genre que tourne l’acteur au même moment, Newman signe une chronique familiale sensible sur des américains très ordinaires, en l’occurrence, une mère et ses deux filles aux centres d’intérêt très différents. Les deux jeunes filles s’évadent tant bien que mal de leur pavillon morose et crado, l’ainée, un peu rebelle, en s’entrainant à devenir majorette ou actrice et la cadette, timide et observatrice, en ayant un goût prononcé pour les sciences de la vie.
A mi-chemin entre le cinéma de John Cassavettes et celui de Robert Mulligan, Newman réalise un psychodrame abrupt, touchant et
un peu désespéré, qui permet à Joanne Woodward de faire un grand numéro d’actrice digne de Gena Rowlands. Elle reçut d’ailleurs le prix interprétation féminine à Cannes en 1973. A noter également la partition toute en finesse de Maurice Jarre.

Michel Senna

Roi de Coeur

Le roi de cœur (1966)
Réalisé par Philippe de Broca, ce film raconte l’aventure pas ordinaire d’un soldat britannique, interprété par Alan Bates, qui doit, en 1918, déminer un village français piégé par les allemands. Restés seuls et abandonnés à leur sort, les pensionnaires d’un asile, tous atteints de folie douce, se ré-approprient le village et font du soldat anglais leur « Roi de Cœur ». Ce dernier se laisse séduire par ses étranges et facétieux compagnons et vit alors une sorte de parenthèse enchantée.
Dans cette fable pacifiste d’une grande poésie, on navigue constamment entre le réel et l’imaginaire, à travers le regard candide et bienveillant du personnage joué par le frêle Alan Bates. Les fous vivent intensément les rôles qu’ils se sont attribués : Pierre Brasseur en général, Micheline Presle en tenancière de maison close, Jean Claude Brialy en duc élégant, Geneviève Bujold en équilibriste, Julien Guiomar en homme d’église, Michel Serrault en garçon coiffeur. Mais, tous sont surtout conscients de la folie du monde surtout lorsque celle-ci se rapproche à nouveau d’eux. La seule issue, rester à l’écart : « Les plus beau voyages se font par la fenêtre » déclare le duc.
Malgré sa distribution éclatante, une mise en scène raffinée et l’originalité du scénario co-écrit par Philippe de Broca, cette comédie très tendre, qui bénéficie aussi d’une partition joliment mélancolique de Georges Delerue, fut injustement boudée par les critiques et un échec à sa sortie durant les fêtes de Noël 1966. Il est considéré depuis comme l’un des chefs d’œuvre du réalisateur qui, malgré cette déconvenue, réalisa dans la foulée Le diable par la queue », une autre comédie poétique et bucolique qui obtint cette fois un bien meilleur accueil.

Michel Senna

Durée : 95 minutes
Tournage : 12 avril -10 juin 1966
Extérieurs : Senlis
Production : Fildebroc Productions – Les Productions Artistes Associés – Compagnia Cinematografica Montoro
Distribution : United Artists
Sortie à Paris : 21 décembre 1966.
Box-office : 39 141 entrées.

« Corporate »

Il y a certains films qui vous font à nouveau espérer dans le cinéma français et « Corporate » de Nicolas Silhol est assurément de ceux-là.
L’histoire est celle d’une DRH d’un pôle financier d’un grand groupe agroalimentaire, qui fait fièrement son métier de « tueuse » jusqu’au jour où sa vie bascule après le suicide, sur son lieu de travail, d’un employé qu’elle a acculé à la démission.
Débute alors un drame passionnant, sur fond d’enquête menée par une inspectrice du travail (impeccable Violaine Fumeau), qui montre comment la pression peut s’exercer au sein d’une même direction, quelque soit le niveau de chacun dans la hiérarchie. 
Le film joue sur l’ambiguïté du personnage superbement campé par Céline Sallette, qui ouvre les yeux petit à petit sur sa responsabilité et tente de se racheter en se retournant contre sa société, qui serait, elle, ravie de lui faire porter le chapeau. Lambert Wilson est d’ailleurs parfait en PDG aussi fringant qu’hypocrite et sans état d’âme.
Mis en scène avec efficacité, ce premier film engagé et prenant fait rudement bien d’annoncer dès le départ que ces méthodes de management (parfaitement inhumaines) existent bien dans la vraie vie.

Michel Senna 

La Lettre « en Bref » Mars-Avril 2017

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  • Editorial :  Droits culturels Ils ont fait leur entrée dans la législation française par la loi NOTRe et la loi relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine qui précise que cette loi définit une politique de service public dans le respect des droits culturels figurant dans la convention de l’UNESCO du 20 octobre 2005 : « les activités, biens et services culturels ont une double nature, économique et culturelle, ils ne doivent donc pas être traités comme ayant exclusivement une valeur commerciale. » Cette notion de droits culturels est complexe et fait l’objet d’interprétations différentes.Le congrès de la FNCC qui vient d’avoir lieu s’est saisi de cette question qui a fait l’objet d’un atelier et d’une publication, ce qui a permis de mieux préciser le contexte, comme en témoigne le texte ci-après :« Les droits culturels portent des dimensions à la fois politiques (leur défense et leur promotion relèvent de la responsabilité politique), sociétales (leur prise en compte pose la question du multiculturalisme et donc du débat entre communautarisme, intégration et assimilation), économiques (l’exception culturelle), juridiques et des modalités de l’action culturelle (politiques participatives, valorisation des pratiques expressives citoyennes, etc…).Mais la dimension principale des droits culturels est d’abord d’ordre éthique : la reconnaissance de la dignité culturelle de chacun, quelle que soit sa culture, quelles que soient ses pratiques. C’est un horizon humaniste de reconnaissance de l’autre et d’affirmation de la valeur d’universalité de la singularité de la personne. ».Notre modeste contribution à la défense des droits culturels est bien entendu notre opération « Cinéma et égalité des territoires », car permettre à tous de pouvoir accéder à une salle de cinéma, n’est-ce pas répondre à une partie des objectifs.

LES CAHIERS DU CINEMA

les cahiers avril 2017

Éditorial

Être acteur aujourd’hui par Stéphane Delorme
Événement
Jeunes acteurs français

Soko et Garance Marillier « Pourquoi c’est vital »
Adèle Exarchopoulos « J’ai peur de décevoir »
Stacy Martin « L’action vient avant la pensée »
Raph « Vous inquiétez pas, vous me reverrez ! »
Lou Roy-Lecollinet « Je découvre un monde »
Zita Hanrot « J’aime bien travailler sur la colère »
Jenna Thiam « J’ai arrêté de croire qu’on ne contrôle rien »
Manal Issa « Comme une perle dans ma vie »
Diane Rouxel « Je prends le jeu dans sa dimension ludique »
Sarah-Megan Allouch « Être un petit fantôme »
Guslagie Malanda « L’expérience d’un vertige »
Niels Schneider « Il faut y laisser quelque chose »
Rabah Naït Oufella « Ni doute ni peur »
Jonathan Genet « Pour jouer, il faut vivre »
Quentin Dolmaire « J’ai envie qu’on me demande beaucoup »
Jonas Bloquet « Marre d’attendre »
Damien Chapelle « On manque de possédés »
Basile Meilleurat et Rémi Taffanel Les garçons du Sud
Alain Demaria Le plongeon

Au jeu des écoles le Conservatoire, le Cours Florent, L’École du jeu – par Cyril Béghin
Les agents et leurs talents entretiens avec Isabelle de La Pattellière et Grégory Weill, agents – par Stéphane Delorme
Les entremetteurs entretien avec Sarah Teper et Stéphane Batut, directeurs de casting – par Jean-Sébastien Chauvin & Jean-Philippe Tessé
Acteurs documentaires ? Rencontre avec les acteurs de Swagger, Pas comme des loups et Gorge cœur ventre par Mathis Badin & Florence Maillard
Cahier critique

Sayonara de Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Au revoir l’humanité entretien avec Koji Fukada – par Stéphane du Mesnildot
Après la tempête de Hirokazu Kore-eda – par Vincent Malausa
Pas comme des loups de Vincent Pouplard – par Camille Bui

Notes sur d’autres films 11 minutes (Jerzy Skolimowski) – 14 ans, premier amour (Andreï Zaytsev) – Adieu Mandalay (Midi Z) – La Belle Occasion (Isild Le Besco & Nicolas Hidiroglou) – La Consolation (Cyril Mennegun) – Corporate (Nicolas Silhol) – Django (Étienne Comar) – Emily Dickinson, a Quiet Passion (Terence Davies) – Heis (Chroniques) (Anaïs Volpé) – Je danserai si je veux (Maysaloun Hamoud) – Mister Universo (Tizza Covi & Rainer Frimmel) – L’Opéra (Jean-Stéphane Bron) – Paris est une fête (Sylvain George) – Retour à Forbach (Régis Sauder) – Revenger (Walter Hill) – Tunnel (Kim Seong-hun)
Journal

Rétrospective Hailé Gerima, l’Africain américain
Festival Tanger-Rennes dream
Distribution Des nouvelles d’Abounaddara
Tournage Le chagrin sans fin du « han » coréen : Jeon Soo-il en tournage
Rétrospective SF à l’Est
Reprise Rivière Fango, rives excentralistes (Au long de rivière Fango de Sotha)
DVD Elem et Larissa (coffret Klimov / Cheptiko)
DVD Visite ou mémoires et confessions de Manoel de Oliveira
DVD Ornette , Made in America de Shirley Clarke
Livre Jeu d’acteurs : corps et gestes au cinéma de Christophe Damour (dir.) / Montgomery Clift : premier acteur moderne de Christophe Damour
Livre Brakhage en entier
Internet Godard, jeune voix
News internationales
Disparitions Jean-Christophe Averty, Nikos Koúndouros, Bill Paxton, Brunella Bovo, Miriam Colón
Hommage
Seijun Suzuki

Le maître Seijun est retourné dans le plafond par Shinji Aoyama
Réplique

Stephen Bannon, une filmographie par Cyril Béghin
Cinéma retrouvé
Jacques Becker

En attendant Becker par Stéphane du Mesnildot
Antonio Pietrangeli

Les masques sceptiques d’Antonio Pietrangeli par Esther Hallé
Une jeune actrice entretien avec Stefania Sandrelli – par Esther Hallé
BD

Misfits par Luz

POSITIF 674 / Avril 2017

positf couv avril 17

Dossier

ABBAS KIAROSTAMI,
LE GOÛT DE LA BEAUTÉ

Focus et entretien sur
Le Cinéma d’Aki Kaurismäki

Critiques et entretiens des films
L’Opéra de Jean-Stéphane Bron
United States of Love de Tomasz Wasilewski

Focus sur La 67e Berlinale

Michael Moore, « Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner »

Une réflexion sur le parler québécois, du Roi Soleil à Xavier Dolan
Hommages à John Hurt, Seijun Suzuki et Jacques Maréchal

Découvrez l’exposition Eli Lotar (1905-1969)

Un retour sur Six films de Li Han-Hsiang, La Grande espérance de Jacques Becker et Description d’un combat de Chris Marker

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18. Eric Benzekri & Jean-Baptiste Delafon

Hors Cadre. En pleine préparation de la saison 2 de Baron noir, les deux showrunners expliquent comment le storytelling télévisuel infuse la politique et commentent le rapport intime de nos représentants à l’adrénaline des séries. Rien ne les surprend, et surtout pas la passion de François Fillon pour Mad Men.

22. Michael Pitt

Portrait. Semi-clochard, bellâtre pour midinette dans Dawson, égérie indé pour Bertolucci, rock star suicidée pour Gus van Sant, bad boy en costume dans Boardwalk Empire … A 35 ans, l’angelot blond semble déjà revenu de tout, mais pointe son nez dans un blockbuster pour la première fois avec Ghost in the Shell. Qu’est-ce qui fait courir le bel écorché ? Sera-t-il vieux un jour ? Peut-être ne le sait-il pas lui-même.

26. Les Belles Gosses

Tournage. Après le succès de son moyen-métrage Haramiste, Antoine Desrosières compte enfoncer le clou avec son tandem infernal de jeunes tchatcheuses musulmanes obsédées par les garçons dans une comédie à combustion rapide de trois heures. L’objectif ? Rien de moins que ringardiser Kéchiche. A Strasbourg et en équipe réduite au minimum, sa petite bande a tout donné.

Rien moins=pas du tout ringardiser, rien de moins= positivement ringardiser. C’est le deuxième ?

30. Koweït Confidential

Reportage. Autrefois havre de paix pour la cinéphilie, ce petit royaume pétrolier contrôle aujourd’hui étroitement la production cinéma de son pays, essentiellement pour ne pas froisser ses intimidants voisins. Comment fonctionne la censure, pourquoi et à quel prix ? Enquête dans les rouages d’un système bien rôdé.

34. Jean Eustache

Couverture. Peu de cinéastes portent mieux que lui l’étiquette « bigger than life ». Pourtant, quand il arrive à Paris, il n’a rien d’autre pour lui qu’un petit boulot à la SNCF et une timidité maladive. Rien ne laisse présager son destin de cinéaste maudit. La Maman et la Putain devient en 1973 le film français culte, mais avec Mes petites amoureuses, il voit les portes se refermer aussitôt. Sa vie tumultueuse d’oiseau de nuit et sa culture sauvage ont nourri ses films: le nom d’Eustache est inséparable de ses errances nocturnes parisiennes, de ses femmes, de ses alcools forts et surtout de sa quête d’absolu romantique. Retour sur le destin et les tournages d’un homme qui, trente-cinq ans après son suicide, fascine encore.

72. Les Youtubeurs ciné

Dossier. Ils s’appellent Durendal, Le Fossoyeur ou Karim Debbache, ils parlent de cinéma face caméra sur YouTube ou Dailymotion et enquillent les millions de vues, surtout auprès des jeunes. Entre coups de cœur larmoyants et efforts de pédagogie, et si c’était eux les nouveaux passeurs de la cinéphilie ?

80. Return to Oz

Story. 1985. Disney propose au public un nouveau voyage en compagnie de Dorothée, la jeune héroïne du Magicien d’Oz. Mais Return to Oz, suite directe du chef-d’œuvre de Victor Fleming sorti en 1939, effraye l’Amérique et se plante au box-office. Comment la suite d’une franchise ultra-populaire a pu à ce point rebuter les kids biberonnés au classique de la MGM ? Récit d’un tournage épique.

86. Yves-Marie Le Bourdonnec

Extra. A la tête de plusieurs boucheries de haut-standing et auteur d’un doc remarqué, Steak (R)Evolution, Yves-Marie Le Bourdonnec se verrait bien tirer un film de sa vie d’artisan star. En attendant, il affûte ses couteaux et sa cinéphilie, qui penche sévèrement du côté du cinéma français des années 70.