Dis c’est quoi… un cinéma Art et Essai

Très souvent lorsque l’on va « au cinéma » on indique indifféremment que l’on va voir un film ou que l’on va dans un lieu. Ne pas faire la distinction entre le lieu et le film n’est pas bien grave… sauf lorsqu’il s’agit d’Art et Essai car la différence est énorme.
Un cinéma « Art et essai » est un cinéma qui sur ses écrans propose essentiellement des films ayant reçu le label « art et essai ».
Pour obtenir le label « Art et Essai » -attribué par le CNC- un cinéma doit répondre à de nombreux critères tels que la politique d’animation ; la qualité de l’information auprès des publics ; le travail à l’égard du jeune public ; l’organisation de soirées thématiques et de festivals ; le nombre d’œuvres cinématographiques d’art et d’essai programmées ; la diversité de la programmation…
En France ces cinémas représentent 57,8 % du nombre de cinémas (1 179 cinémas), 42 % des écrans (2 525) et totalisent 32,7 % des entrées. Ce sont souvent des cinémas ayant en moyenne 2 écrans.

Source : géographie du cinéma – CNC – 09/2019

« Queen and Slim » de Melina Matsoukas

Une claque, voilà le premier mot qui me vient à l’esprit en sortant de la séance.
Je ne savais pas ce que j’allais voir et je ne savais pas non plus ce à quoi je devais m’attendre. En voyant les affiches dans le métro, les premières fois je pensais que c’était un concert ou alors un documentaire. En entrant dans la salle, j’ai seulement lu le synopsis: un homme, une femme, la trentaine, sortant d’un rendez-vous galant (plus précisément un date sur tinder) et roulant de nuit à travers la ville. Une arrestation par un policier, qui tourne mal. La fuite à travers le pays. Car, nous ne l’avons pas précisé, ils sont noirs, et, donc, forcément coupables. C’est road-movie à travers ce pays à la fois fascinant et révoltant.
C’est une claque oui. Tout d’abord car la photographie est magnifique. On se croirait parfois dans un clip de r’n’b, parfois on se croirait dans un Xavier Dolan, ça marche. Les lumières, durant les épisodes nocturnes en particulier, nous emmènent dans un autre monde, sans pour autant que cela artificiel, cela sert totalement le film. La réalisatrice (dont c’est le premier film), qui n’est autre que Melina Matsoukas, réalise les clips de Beyoncé, Rihanna ou encore Missy Elliott. Ensuite car les codes du road-movie sont respectés tout en amenant une certaine originalité: la musique (qui n’est pas de la country ou du rock, mais bien du r’n’b, du rap et de la soul), les arrêts, les étapes entre deux grandes traversées sont les moments où Queen & Slim se retrouvent et croisent la vie de nombreux personnages. Dans cette traversée les rôles attribués généralement aux femmes et aux hommes sont inversés: elle est la rationalité, la force vive, celle qui va de l’avant, elle est avocate et donc sait. Lui est porté par ses sentiments, une retenue et est prêt, au début, à se rendre. C’est un film qui est plus que jamais d’actualité, sur les violences policières: ils sont noirs et forcément, coupables. Ils ne fuient pas car braqueurs ou bandits mais car ils sont noirs. Tout au long du voyage on découvre une communauté prête à les aider, à les idolâtrer pour ce qu’ils représentent: les victimes d’un système d’Etat incarné par les policiers contre la communauté noire. Enfin, et il faut le dire, c’est une histoire d’amour et les définitions de l’amour, citées par les personnages, peuvent rivaliser avec les plus beaux films d’amour. On en ressort non pas grandi mais révolté et transformé par une expérience à la fois politique et esthétique.

 

La Lettre « En bref Janvier -Février 2020 »

EDITO :

ÉLECTIONS MUNICIPALES, LES ELUS SOUTIENNENT LE CINEMA
Les prochaines élections municipales sont l’occasion de rappeler le rôle important, essentiel même, que jouent les élus territoriaux par leur soutien au cinéma, non seulement leur soutien aux salles mais également au financement des films. Certes le soutien est plutôt partagé, les villes aidant plutôt la salle de cinéma, les régions le financement des films, les départements diversifiant leurs crédits. Rappelons en outre que les opérations spécifiques destinées aux jeunes spectateurs sont pour l’essentiel soutenues par les Collectivités Territoriales.
Mais ce constat n’est réel que sur une partie des territoires. Car de même que l’implantation des salles de cinéma est très inégale selon les départements, tous les territoires ne sont pas impliqués dans le soutien au cinéma. Il y a donc là matière à réflexion pour les nouveaux élus, comme pour ceux dont le mandat sera renouvelé. Il sera donc souhaitable que des actions d’information et de sensibilisation soient menées aux niveaux des Collectivités Terri-toriales, en particulier celles dont l’équipement en salles, et donc l’indice de fréquentation, sont inférieurs à la moyenne.
Rappelons ce que nous avons plusieurs fois signalé dans En Bref : les indices de fréquentation, selon les départements hors Paris, varient de 1,10 à 4,06. Dans 37 départements seules de 5 à 12 communes sont équipées.
Pour sa part Territoires et Cinéma souhaite engager une action spécifique pour les communes de 5000 à 10000 habitants dé-pourvues de cinéma. Nous souhaitons notamment leur présenter les réalisations de communes équipées dont les caractéristiques sont proches des leurs. Pour ce faire nous avons adressé à ces communes un questionnaire dont nous recevons actuelle-ment les réponses. Nous vous en présenterons la synthèse dans un prochain numéro.
Vous pouvez lire la totalité de la lettre en cliquant ici
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Sommaire des revues Février 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

POSITIF-708-

Actualité Clint Eastwood

6  Le Cas Richard Jewell La dernière image Jean-Dominique Nuttens 10  À l’épreuve des faits : les derniers films de Clint Eastwood Pascal         Binétruy Sam Mendes
14  1917 Il faut sauver le lieutenant Blake Louise Dumas
17  Un réalisateur en quête d’auteur(ité) Michel Cieutat 20             Entretien avec Roger Deakins J’aime le défi Hubert Niogret Olivier        Assayas 24 Cuban Network
Traîtres tropiques Vincent Thabourey
27  Entretien avec Olivier Assayas Un tournage passionnant, mais on ne m’y reprendra pas ! Philippe Rouyer et Yann Tobin Martin Scorsese, les super-héros et les franchises
34  J’ai dit que les films Marvel ne sont pas du cinéma ; laissez-moi m’expliquer Martin Scorsese

37 « Aimez-vous les films de super-héros ? » Défense de Scorsese, de Coppola et du cinéma d’auteur Scout Tafoya les films 42  Histoire d’un regard
de Mariana Otero Emmanuel Raspiengeas 44 Jinpa, un conte tibétain de Pema Tseden Eithne O’Neill 46 Star Wars : l’ascension de Skywalker de J. J. Abrams Fabien Baumann
47 La Cravate d’Étienne Chaillou et de Mathias Théry Dominique Martinez 48  La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier Louise Dumas 49  Sortilège d’Ala Eddine Slim Bernard Génin 50  Lettre à Franco d’Alejandro  Amenábar Baptiste Roux de A à Z notes sur les films 51  #JeSuisLà 6 Underground Adam L’Art du mensonge Benjamin C’est assez bien d’être fou Cats La Dernière Vie de Simon Des hommes Les Deux Papes L’Equilibrio Les Incognitos Jojo Rabbit Luciérnagas Manhattan Lockdown Le Prince oublié Toutes les vies de Kojin Trois Aventures de Brooke Tu mourras à 20 ans Un divan à Tunis Un jour si blanc Un soir en Toscane Underwater Une mère incroyable Waves

Présences du cinéma
voix off

62 Le gardien des hommes chats Ode à Val Lewton Barry Gifford bloc-notes

66  Décembre en cinéma Lectures Michel Ciment chantier de réflexion 70 Quelques mots Auteur et genre Alain Masson 73  Du Joker à Jeff Koons Batman et le Bouquet de tulipes Pierre Samson Hommages  74 Thomas Elsaesser Un héritier de l’école de Francfort Jean-Loup Bourget  75 Anna Karina

Supplément d’âme Christian Viviani

Notes festivalières 76 Panorama du cinéma colombien Éric Derobert Festival international du film de Thessalonique Éric Derobert Arras Film Festival 2019 Philippe Rouyer Festival des 3 continents 2019 Alain Masson Torino Film Festival 2019 Lorenzo Codelli Kinopolska 2019 Denitza Bantcheva Notes de lecture 80 Bruce Lee, un gladiateur chinois L’Italie au miroir de son cinéma, vol. 3 Elia Kazan. La confusion des sentiments Emmanuel Carrère, un écrivain au prisme du cinéma Michelangelo Antonioni, d’un regard à l’autre Avènement d’une culture visuelle de guerre
Selection dvd 84  125 rue Montmartre Autopsie d’un meurtre La Bataille de l’eau lourde Der Gang in die Nacht / La Marche dans la nuit Diamond Island La Trilogie optimiste de Dino Risi Les Chevaliers du Texas Terreur sur le « Britannic » Un ami viendra ce soir Le Quatrième Homme
le cinéma retrouvé 88  Nazarin de Luis Buñuel Aimer les hommes malgré eux Baptiste Roux 90  Millennium Actress de Satoshi Kon

Dossier 2010-2019 : Bilan d’une décennie

L’Odyssée de la star Adrien Gombeaud

 94 À quoi rêvent les films français ? Pascal Binétruy
98 Dix ans de cinéma américain : e pur si muovon ! Christian Viviani 101 Promesses Les révélations de la décennie 2010 Pierre Eisenreich 104 Images présentes L’animation entre 2010 et 2020 Bernard Génin
108 Haute fidélité Les films les plus marquants de la décennie Grégory Valens 112 Les listes des votants

CAHIER DU CINEMA -763-

 

 

 

 

 

 

 

Éditorial
Les yeux bleus par Stéphane Delorme
Événement
Martin Scorsese
« It is what it is » par Nicholas Elliott
Toute une vie entretien avec Martin Scorsese – par Nicholas Elliott
Netflix face aux salles américaines par Nicholas Elliott
L’usine à fantasy ne fait pas rêver par Stéphane Delorme
Cahier critique
Sortilège d’Ala Eddine Slim
Équations et mutations entretien avec Ala Eddine Slim
Histoire d’un regard de Mariana Otero
Jinpa, un conte tibétain de Pema Tseden
Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster
Dark Waters de Todd Haynes
Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood
Mamacita de José Pablo Estrada Torrescano
Notes sur d’autres films 1917 (Sam Mendes) – La Cravate (Mathias Théry & Étienne Chaillou) – Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes (Rodolphe Marconi) – La Dernière Vie de Simon (Léo Karmann) – Deux (Filippo Meneghetti) – Des hommes (Alice Odiot & Jean-Robert Viallet) – L’État sauvage (David Perrault) – La Fille au bracelet (Stéphane Demoustier) – Judy (Rupert Goold) – Mes jours de gloire (Antoine de Bary) – Mickey and the Bear (Annabelle Attanasio) – Le Prince oublié (Michel Hazanavicius) – Queen & Slim (Melina Matsoukas) – Scandale (Jay Roach) – Tu mourras à 20 ans (Amjad Abu Alala) – Un divan à Tunis (Manele Labidi) – Une mère incroyable (Franco Lolli) – Wet Season (Anthony Chen)
Journal
Voyage Bilbao, une cinéphilie cachée
+ L’avenir du cinéma basque s’écrit aussi à San Sebastián
entretien avec Joxean Fernández, directeur de la Cinémathèque basque
Entretien Nadège Trebal, douze mille et une nuits
Tournage Alfredo Arias, retour à la caméra
Rencontre Lincoln Péricles, cinéma de quartier
Salle L’art et essai en Charente
Documentaire Retour au Méliès
Internet ArteKino et Psychobitch
Découverte Connaissez-vous Alain Mazars ?
Reprise Âmes perdues (Nuits blanches de Luchino Visconti)
Reprise Champs de résistance (Plogoff, des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec)
Reprise Panthéisme renoirien (L’Homme du Sud de Jean Renoir)
Livre Fronts de libération (Manifestations de Nicole Brenez)
Livre Rêver le cinéma japonais (Carnal Curses, Disfigured Dreams de Kagami Jigoku Kobayashi)
Notes DVD Le Conte du tsar Saltan d’Alexandre Ptouchko / Jet Pilot de Josef von Sternberg
Notes livres Quand je tourne mes films de Hirokazu Kore-eda / Descentes aux limbes
de Patrice Rollet
Festival Belgrade, un regard
Festival Mar del Plata : retour en force
Festival Révolutions intimes à Carthage
Festival Angers, réalviscéraliste
Festival Une semaine de documentaire à Arcueil
Nouvelles du monde
Disparitions Sue Lyon, Ivan Passer, Claudine Auger, José Varela, Terry Jones, Joe Shishido, Élisabeth Rappeneau
Réplique
Le temps du végétal par Amélie Barbier
Enquête
La vidéosurveillance
À l’ère de la surveillance « intelligente » par Paola Raiman
« Des contrôles d’identité généralisés, permanents et invisibles » entretien avec Félix Tréguer de La Quadrature du Net – par Paola Raiman
Hommage
Anna Karina
Visage du cinéma par Jean-Philippe Tessé
Vers l’émotion par Jean-Philippe Tessé
Une artiste de cabaret par Joachim Lepastier
Les voix d’Anna par Jean-Sébastien Chauvin
Passagère de la nuit par Stéphane du Mesnildot
Une douce détermination par Nicolas Azalbert
Anna Karina, réalisatrice par Joachim Lepastier

SOFILM n°77 – Phoebe Waller-Bridge

 

 

 

 

Paul Schrader
Florence Foresti
Sébastien Tellier
Euzhan Palcy

18. Alice Odiot & Jean-Robert Viallet

Hors cadre. Ensemble, ils ont passé 25 jours en immersion dans la prison des Baumettes, à Marseille. Ils en ont tiré un film, Des hommes, qui donne à voir ces hommes pour ce qu’ils sont, pas seulement des détenus, des délinquants ou des malheureux. De quoi prendre de la hauteur sur la question carcérale dans notre beau pays.

22. Les Prisonnières du désert

Reportage. Au milieu des années 1960, le pays de l’oncle Sam a théorisé une politique d’eugénisme en direction des populations pauvres. Premières touchées par ces stérilisations non désirées : les Amérindiennes. Il a fallu toute la ténacité d’une cinéaste anglaise pour leur donner enfin la parole à travers son film, Amá. Retour sur place.

26. Florence Foresti

Interview. Le 28 février prochain, elle présentera pour la deuxième fois les César, dans un contexte pas facile. Également à l’affiche de Lucky, nouvelle belgerie d’Olivier Van Hoofstadt, la patronne de l’humour français se confie sur le ton cash qui a fait sa réputation.

30. Paul Schrader

Confessions. Pour écrire Taxi Driver, il a mis toute sa colère et sa culpabilité chrétienne dans le personnage de Travis Bickle. Scénariste, puis réalisateur reconnu, Schrader ne doit pourtant pas être réduit à cette image de maverick du cinéma américain toujours à vif. Rencontre avec un homme qui n’aura jamais fini de théoriser le chaos.

36. Secret Cinéma

Infiltré. L’entrepreneur Fabien Riggall a un rêve, « créer un futur pour le cinéma », avec Secret Cinema : une expérience live pour retrouver l’univers d’un film ou d’une série façon fête foraine. Son dernier coup ? Rien de moins que Stranger Things. Tournez manège.

40. Phoebe Waller-Bridge

Couverture. En à peine trois ans, elle est passée d’étoile montante de la comédie britannique au statut envié de femme la plus drôle du monde. Une couronne qui a un prix : 20 millions de dollars par an, d’après le deal qu’elle a signé récemment avec Amazon. Mais pour en arriver là, il lui aura fallu beaucoup de regards caméra et de personnages plus sombres qu’ils n’en ont l’air. Comment devient-on l’artiste qui donne un cadre moderne aux choses de la vie les plus crues et les plus mélancoliques ? Une partie de la réponse se trouve à Londres.

62. Euzhan Palcy

Entretien. Première femme couronnée à Venise, première réalisatrice à recevoir un César, première femme produite par un studio américain… Adoubée par Redford, Truffaut ou encore Aimé Césaire, c’est peu dire que la pionnière Euzhan Palcy n’a pas eu la reconnaissance qu’elle mérite. Sans doute était-il temps d’écouter enfin celle qu’Ava Duvernay surnomme « The Goddess ».

70. La Clef, cinéma en résistance

Enquête. Depuis septembre, un collectif offre un revival à cette salle ouverte dans la vague de Mai 68. L’objectif ? Sauver les 600 m2 du dernier cinéma associatif de Paris des griffes des promoteurs immobiliers. Chronique d’une insurrection qui pourrait faire revivre une certaine idée du cinéma.

76. Le Male Gaze selon Mulvey

Décryptage. L’expression n’apparaît qu’une fois dans son essai Visual Pleasure and Narrative Cinema. En 1975, quand Laura Mulvey parle de male gaze, difficile d’imaginer que le concept deviendrait incontournable en 2020. Pourtant il reste encore mal compris. Explications.

80. Francis Veber

Légende. Il a insufflé le rythme du grand théâtre au rire made in France : Le Jouet, La Chèvre, Le Dîner de cons… Installé aux États-Unis depuis la fin des années 1980, maître Francis Veber, 82 ans, contemple le pays de la comédie à la française. Avec ce qu’il faut d’ironie.

 

 

 

 

La fille au bracelet

2020 – un film de Stéphane Demoustier

Un presque huit clos pour le film de Stéphane Demoustier qui avait déjà réalisé plusieurs courtsmétrages et deux films. C’est le procès d’une jeune fille de 18 ans, 16 ans au moment des faits, accusée d’avoir tué sa meilleure amie.

La pression du quasi huit clos du procès est très forte, les murs rouges tapissant les contours de la salle d’audience nous plongent dans une atmosphère où on ne se sent pas à l’aise, on ne voit presque pas le public, seulement les avocats, la famille et les juges.

On ne sait pas ce qu’il s’est passé, mais on a envie de savoir. On suit les débats avec intérêt et les interventions à charge de l’avocat général interprété brillamment par Anaïs Demoustier. On est étourdi par le jeu de Mélissa Guers interprétant Lise. Le silence, le regard fuyant, tout nous déroute, on ne sait pas. Et si c’était elle? Et si ce n’était pas elle?

Si les scènes du procès sont très réalistes et que l’on est happé par le déroulé des événements, les scènes tournées hors de la salle d’audience déçoivent: on peut se demander quelle est la plu value de ces dernières: on voit les parents de la jeune fille (Chiara Mastroianni et Roschdy Zem) en plein désarroi et qui discutent peu, on les observe dans leur quotidien que le procès vient rythmer.

Mais le film de Stéphane Demoustier porte avant tout sur l’adolescence: connaissons-nous les adolescents? Comment ils grandissent, à quoi ils pensent, que vivent-ils? La fille au bracelet a ce grand mérite de traiter subtilement, à travers un procès au pénal, un sujet peu évoqué dans le cinéma français ou alors repris dans des comédies: les relations entre adolescents et comment ils se construisent.

Le trouble, le malaise nous guident tout au long du film et ça marche, on a envie de savoir, de comprendre ce qui liait ces jeunes filles. Peut-être le film aurait gagné en force et en impact en se construisant totalement autour du procès, un huit clos d’1h30.

Une exposition à voir à Paris : « Du cinéma au septième art, les films Pathé dans les années 1920 ».

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé* – 73, avenue des Gobelins 75013 Paris – propose jusqu’au 29 février 2020 cette exposition fort intéressante qui pose la question de la perméabilité entre deux démarches, celles d’une production commerciale et celle de la recherche d’une nouvelle grammaire cinématographique. Elle rassemble des documents iconographiques originaux, pour la plupart inédits.

« Au cours des années 1920, le cinéma évolue considérablement. Alors que la production américaine est devenue incontournable après la guerre, portant à l’affiche des stars dans des films policiers, des mélodrames et des séries comique, Pathé crée son propre modèle en produisant des films à épisodes adaptés de la littérature et des feuilletons. L’aventure, l’action, la vengeance et l’honneur animent leurs héros. Ainsi, Les Trois Mousquetaires, Les Misérables et Mandrin permettent de sortir de la crise et de renouer avec un cinéma populaire.

Ces films commerciaux s’inscrivent dans un contexte où le cinéma est pensé comme une forme nouvelle d’écriture. A côté des films à épisodes, tournés sous l’égide des Cinéromans par des metteurs en scènes comme Jean Kemm et Henri Fescourt, certains, Abel Gance et Germaine Dulac notamment, choisissent des scénarios spécialement conçus pour l’écran. Ils appartiennent à une avant-garde pour laquelle l’expression de Septième art est bientôt créée. Recherchant des formes nouvelles de narration, expérimentant les cadrages, créant des rythmes, dépeignant l’émotion des personnages grâce au montage, ils s’appuient notamment sur une technique plus légère. Qu’ils répondent à des objectifs commerciaux ou à des commandes de mécènes, qu’ils s’inscrivent, comme René Clair, dans une démarche de provocation ou qu’ils proposent de « bonnes histoires » au public, ces différentes approches ont en commun d’utiliser une technologie au service d’une écriture réinventée. Le Pathé-Baby et du Pathé-Rural, les formats réduits destinés aux amateurs et à la petite exploitation, prolonge la diffusion de ces films jusqu’à l’aube du parlant. »

* Reconnue d’utilité publique le 9 mai 2006, cette fondation œuvre à la conservation et à la mise à disposition du public du patrimoine historique de Pathé. Regroupant l’ensemble des collections non-film de Pathé depuis sa création en 1896, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé est un centre de recherche destiné aux historiens, aux enseignants et aux étudiants, ainsi qu’à tous ceux qu’intéresse le cinéma. Par son activité, elle œuvre à la promotion de l’histoire du cinéma à travers l’histoire de Pathé. L’exceptionnel fonds d’archives de la Fondation, régulièrement enrichi par de nouvelles acquisitions, regroupe plusieurs collections. Elles comprennent un riche ensemble de matériel iconographique et publicitaire, des documents imprimés, des appareils et des accessoires cinématographiques, des objets, une bibliothèque d’ouvrages et de périodiques, ainsi que les archives administratives et juridique de Pathé depuis sa création. A ce jour, le catalogue Pathé se compose de plus de 10 000 films dont 9 000 films muets.

1917 de SAM MENDES

1917 de Sam Mendès

Avec un tel titre on pouvait s’attendre à un film qui nous plonge dans la reprise de la guerre de mouvement après trois années d’enlisement dans les tranchées avec la stratégie militaire qui s’ensuivait et des scènes de bataille épiques.  Que nenni ! Ici nous sommes dans un film de survivance avec toutes les limites que cela comporte.

Deux soldats anglais, pas très aguerris, se voient confier une mission assez singulière et affrontent les allemands et passent de niveaux en niveaux comme dans un jeu vidéo. « 1917 » est techniquement étonnant, avec son long plan séquence sans ellipse. Pourtant, passé la surprise de cette prouesse visuelle, le film échoue du fait de ses invraisemblances, de son manichéisme digne d’un film de propagande, de son interprétation peu convaincante et surtout du fait de l’absence de scénario. Malgré une ambition manifeste dans sa réalisation, « 1917 » semble être à la Première guerre mondiale ce que « Gravity » était à l’espace, un film de survivance immersif mais sans second degré, voire de premier degré tout court ! C’est là certes une opinion bien « tranchée » ! Michel SENNA

Dis, c’est quoi… les « grands groupes » de cinéma ?

Dans notre jargon on parle de cinéma (le lieu) et d’écran (la salle).
En France il y a 2 040 cinémas et 5 982 écrans. Mais ce sont seulement 3 groupes qui se partagent plus de 50 % des spectateurs alors qu’ils n’ont que 8 % des cinémas et 32 % des écrans.
Leur politique de programmation est bien sûr décidée en très…très…très grande partie par des programmateurs nationaux en fonction, essentiellement, d’une rentabilité commerciale assurée. Compte tenu du nombre de spectateurs qu’ils attirent rares sont les distributeurs de films qui leur refusent quelque chose… au détriment des cinémas indépendants.

Pathé (enseignes Pathé et Gaumont) = 69 cinémas et 793 écrans ;
UGC (Union générale cinématographique) = 40 cinémas et 426 écrans ;
CGR (Circuit Georges Raymond) = 72 cinéma et 686 écrans.
Source : géographie du Cinéma – C.N.C – 09/2019

« Pour des états généraux du cinéma indépendant et de la diversité »

Dans le cadre de la 7e plateforme professionnelle de Cinéma du réel (du 17 au 20 mars), le Forum public accueille cet événement réunissant toute la profession, organisé par l’ACID, l’AFC, l’AFCAE, le Cinéma du Réel, le DIRE, le GNCR, le SCARE, le SDI, le SPI et la SRF. Le mardi 17 mars au Forum des images, syndicats et associations œuvrant pour l’indépendance du cinéma se mobilisent pour rappeler leur engagement à faire émerger des films ambitieux, défendre un système qui permet à tous d’exister et rappeler aux pouvoirs publics leur rôle de régulateur.

http://www.art-et-essai.org/actualites/1166162/pour-des-etats-generaux-du-cinema-independant-et-de-la-diversite

 

Dis, c’est quoi… l’exploitant indépendant ?

L’exploitant indépendant ne dépend que de lui même. Il a un seul but : arriver à faire ce qu’il veut faire ! Pour cela il cherche toujours à mettre en adéquation la logique de la satisfaction de son public et la logique commerciale. Il exploite souvent un cinéma avec peu de salles, labellisé Art et Essai, et accepte de programmer des films que nous ne verrions pas ailleurs. Contrairement aux grands groupes il décide de sa programmation pas uniquement en fonction d’une rentabilité commerciale assurée.

 

Cette rubrique « Dis c’est quoi »  nous permet -en peu de mots- de donner une,  ou plutôt notre,  définition d’un terme lié à nos champs d’activité.
Nous la voulons collaborative… alors n’hésitez pas à nous soumettre vos questions. Nous y répondrons à notre manière.