Le ciel attendra

« Liberté de conscience ou conscience capturée ? » Que vivent les adolescents touchés par le religieux ? Le questionnement parcourt tout le film de Marie-Castille Mention-Schaar. A travers l’histoire croisée de deux familles confrontées à la radicalisation de leurs enfants, la réalisatrice pose un regard juste et pertinent sur l’embrigadement des jeunes au djihad.

D’un côté, une maman cherche à retrouver sa fille partie en Syrie, quitte à y aller elle-même. De l’autre, une famille tente de renouer avec leur fille rattrapée, elle, à l’aéroport, alors qu’elle était sur le départ via Istanbul. Au milieu, une spécialiste, Dounia Bouzar elle-même, s’attelle à démêler l’écheveau formé dans ces jeunes esprits par les recruteurs islamistes sur le web. Aucun point de vue n’est négligé : les errements et les douleurs de la mère incarnée par la formidable Clotilde Coureau, la tension et l’incompréhension du couple qui a récupéré sa fille aînée de justesse ; et tandis que cette adolescente rageuse et effrayée parvient peu à peu à se retrouver, cette autre se transforme petit à petit pour s’éloigner inexorablement d’une vie d’ado jusqu’alors tout à fait normale.

Chaque scène fait sens, et fait frémir. Car comme le dit l’un des personnages, on ne sait pas ce qui se passe dans la tête de nos enfants. Et les questions restent ouvertes. Brillamment interprété tant par les adultes que par les deux jeunes actrices, le film bénéficie d’un scénario soigné et d’un montage qui évite le récit linéaire, pour ne pas desservir un sujet si périlleux. C’est là du vrai cinéma, alarmant certes, nécessaire donc, mais où l’optimisme l’emporte : le ciel attendra !