ÉDITO : sur la défensive…

Les choses évoluent dans un contexte où rien n’est tout à fait serein depuis de long mois, puisque le doute persiste toujours pour les festivals quant à leur capacité à avoir lieu en cette période de Jeux Olympiques. En effet, rien n’est plus à craindre pour eux que des possibles annulations de dernière minute imposées par les autorités préfectorales, surtout à un moment où l’on relève le niveau du plan Vigipirate…

Autre problème important pour eux que Cannes a permis de mettre en lumière : la problématique des travailleurs précaires des festivals. Bon nombre de professionnels et d’organisations professionnelles ont pris position pour les défendre, considérant que « les festivals de cinéma, quelle que soit leur taille ou leur retentissement médiatique, sont un élément de la vie et de la circulation de nos films ». En cause la réforme de l’assurance chômage du 01er juillet 2024 qui risque d’accentuer leur précarisation. Il faut préciser que ces travailleurs n’ont pas accès au régime de l’intermittence. Leur demande : « une convention collective adaptée nous permettant d’être embauché au régime de l’intermittence, et que nos métiers soient intégrés à l’annexe 8 du règlement de l’assurance chômage, “qui s’applique aux ouvriers et techniciens engagés par des employeurs du cinéma”, avec 18 mois de rétroactivité. »

Lire le communiqué du collectif des précaires des festivals de cinéma

D’autres inquiétudes se font jour :
Lire l’information sur le site TV5 monde informe de la mobilisation des comédiens de doublage.
La filière, riche de talents, qui se consacrent aussi bien au cinéma qu’aux jeux vidéo (entendons par là que le travail des comédiens touche de fait en France un très large public, dont l’article rappelle qu’il est très attaché à ces voix, connues souvent de lui depuis la petite enfance), est inquiète de l’utilisation possiblement dommageable de l’Intelligence Artificielle dans le domaine. L’article informe que le résultat des négociations entre les studios et le syndicat américain des acteurs SAG-AFTRA a abouti à l’abandon par les acteurs du consentement, ou non, d’être doublé par l’IA. La crainte grandit d’autant plus pour les professionnels du doublage que les sociétés commerciales de l’IA « sont en train de contractualiser directement avec Hollywood ».
Mais aussi, les organisations professionnelles de l’audiovisuel interpellent sur les difficultés rencontrées dans le cadre de négociations salariales, ouvertes depuis janvier, mais qui, malgré la signature d’un avenant, n’ont visiblement pas permis l’écoute et l’apaisement nécessaires.

Retrouvez le communiqué des Monteurs Associés 

De même « 7 000 artistes-interprètes signent une tribune pour réclamer une juste rémunération sur le streaming audiovisuel proportionnelle au succès de l’œuvre ». La législation française demandait aux parties prenantes de négocier un accord. Trois ans après, rien n’a évolué, d’où cette tribune. Lire la tribune sur le site de l’ADAMI

Bien entendu, il ne nous appartient ici pas de montrer du doigt tel ou tel, mais il faut attirer le regard vers ces tensions, car elles auront à termes des impacts sur la création, la diffusion, la qualité des films et des programmes.

Dans le contexte, la prise de conscience grâce aux mobilisations contre les violences et harcèlement sexistes et sexuels (VHSS) permet que les choses bougent, comme le montre notamment la création à l’Assemblée Nationale de la commission d’enquête relative à la situation des mineurs dans les industries du cinéma, du spectacle vivant et de la mode, et la signature de deux avenants à la convention collective visant la prévention des VHSS et encadrant les conditions d’engagement des mineurs. Cela donne l’espoir de voir toutes ces violences, sinon éliminées, au moins pénalisées.

Sur les conditions d’exercice plus largement, chaque spectateur, chaque responsable politique ou associatif doit voir conscience de l’importance du soutien à un ensemble où prennent part tant les professionnels que les bénévoles, tant le public que le privé (en témoignent entre autres les mobilisations pour le maintien de salles sur le territoire, à l’image de l’ASCCC – Association des Spectateurs des Cinémas le Club et le Centre – à Gap, ou encore à Pompignac où la Mairie et l’association Anamorphose œuvrent à sauver le cinéma). On ne peut qu’appeler au maintien des équilibres, car c’est en grande partie grâce à cela que nous pouvons dans notre pays nous enorgueillir de cette richesse d’engagement, de la part des bénévoles comme des professionnels, au profit notamment de la culture, par tous, pour tous et partout.