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Mauvais élèves

Mauvais éléves

Nos amis Sophie Mitrani et Nicolas Ubelmann viennent de livrer leur dernier travail : »Mauvais élèves ».
Des témoins de toutes générations partagent avec nous leur non rencontre avec le système scolaire.
Tous ont fait leur vie, tous l’ont réussie, en dépit de ce qui leur avait été prophétisé au regard de leur « inadaptation ».
Critique, sans volonté de détruire la « citadelle de l’éducation nationale », constructif et sans concession, bref, de bons points pour ce « Mauvais élèves » servi par une très belle image !

(un film pour débattre)

Céline Dim Hua

The Young Lady

Dans le nord de l’Angleterre, au 19ème siècle, une jeune femme, victime d’un mariage arrangé totalement dénué d’amour, subie l’humiliation de son mari, un rien pervers, et de son très autoritaire beau-père. Restée seule dans son vaste domaine situé à l’écart de tout, elle s’éprend d’un palefrenier et se met ensuite à éliminer tous ceux qui pourraient entraver cette « love story ». 
Entre le film d’époque et le film noir, ce huis-clos épuré au maximum, doit beaucoup à Florence Pugh, quasiment de tous les plans, très convaincante dans ce rôle de jeune lady qui passe de l’ennui le plus profond à des sentiments plus violents.
Dommage que ce premier film de William Oldroyd, assez classique et soigné dans sa mise en scène et ses décors, pèche par l’interprétation trop caricaturale des autres protagonistes.

Michel Senna  

De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites

Quelle bonne idée d’avoir ressorti ce film rarement visible, le second réalisé par l’acteur Paul Newman.
Après Rachel, Rachel en 1968, le comédien y dirige de nouveau son épouse Joanne Woodward dans un rôle de femme abandonnée, un rien névrosée. A des années lumière des films de genre que tourne l’acteur au même moment, Newman signe une chronique familiale sensible sur des américains très ordinaires, en l’occurrence, une mère et ses deux filles aux centres d’intérêt très différents. Les deux jeunes filles s’évadent tant bien que mal de leur pavillon morose et crado, l’ainée, un peu rebelle, en s’entrainant à devenir majorette ou actrice et la cadette, timide et observatrice, en ayant un goût prononcé pour les sciences de la vie.
A mi-chemin entre le cinéma de John Cassavettes et celui de Robert Mulligan, Newman réalise un psychodrame abrupt, touchant et
un peu désespéré, qui permet à Joanne Woodward de faire un grand numéro d’actrice digne de Gena Rowlands. Elle reçut d’ailleurs le prix interprétation féminine à Cannes en 1973. A noter également la partition toute en finesse de Maurice Jarre.

Michel Senna

Roi de Coeur

Le roi de cœur (1966)
Réalisé par Philippe de Broca, ce film raconte l’aventure pas ordinaire d’un soldat britannique, interprété par Alan Bates, qui doit, en 1918, déminer un village français piégé par les allemands. Restés seuls et abandonnés à leur sort, les pensionnaires d’un asile, tous atteints de folie douce, se ré-approprient le village et font du soldat anglais leur « Roi de Cœur ». Ce dernier se laisse séduire par ses étranges et facétieux compagnons et vit alors une sorte de parenthèse enchantée.
Dans cette fable pacifiste d’une grande poésie, on navigue constamment entre le réel et l’imaginaire, à travers le regard candide et bienveillant du personnage joué par le frêle Alan Bates. Les fous vivent intensément les rôles qu’ils se sont attribués : Pierre Brasseur en général, Micheline Presle en tenancière de maison close, Jean Claude Brialy en duc élégant, Geneviève Bujold en équilibriste, Julien Guiomar en homme d’église, Michel Serrault en garçon coiffeur. Mais, tous sont surtout conscients de la folie du monde surtout lorsque celle-ci se rapproche à nouveau d’eux. La seule issue, rester à l’écart : « Les plus beau voyages se font par la fenêtre » déclare le duc.
Malgré sa distribution éclatante, une mise en scène raffinée et l’originalité du scénario co-écrit par Philippe de Broca, cette comédie très tendre, qui bénéficie aussi d’une partition joliment mélancolique de Georges Delerue, fut injustement boudée par les critiques et un échec à sa sortie durant les fêtes de Noël 1966. Il est considéré depuis comme l’un des chefs d’œuvre du réalisateur qui, malgré cette déconvenue, réalisa dans la foulée Le diable par la queue », une autre comédie poétique et bucolique qui obtint cette fois un bien meilleur accueil.

Michel Senna

Durée : 95 minutes
Tournage : 12 avril -10 juin 1966
Extérieurs : Senlis
Production : Fildebroc Productions – Les Productions Artistes Associés – Compagnia Cinematografica Montoro
Distribution : United Artists
Sortie à Paris : 21 décembre 1966.
Box-office : 39 141 entrées.

« Corporate »

Il y a certains films qui vous font à nouveau espérer dans le cinéma français et « Corporate » de Nicolas Silhol est assurément de ceux-là.
L’histoire est celle d’une DRH d’un pôle financier d’un grand groupe agroalimentaire, qui fait fièrement son métier de « tueuse » jusqu’au jour où sa vie bascule après le suicide, sur son lieu de travail, d’un employé qu’elle a acculé à la démission.
Débute alors un drame passionnant, sur fond d’enquête menée par une inspectrice du travail (impeccable Violaine Fumeau), qui montre comment la pression peut s’exercer au sein d’une même direction, quelque soit le niveau de chacun dans la hiérarchie. 
Le film joue sur l’ambiguïté du personnage superbement campé par Céline Sallette, qui ouvre les yeux petit à petit sur sa responsabilité et tente de se racheter en se retournant contre sa société, qui serait, elle, ravie de lui faire porter le chapeau. Lambert Wilson est d’ailleurs parfait en PDG aussi fringant qu’hypocrite et sans état d’âme.
Mis en scène avec efficacité, ce premier film engagé et prenant fait rudement bien d’annoncer dès le départ que ces méthodes de management (parfaitement inhumaines) existent bien dans la vraie vie.

Michel Senna 

Et les mistrals gagnants