Au sommaire de Positif de mars 2023 : Le dossier mensuel, consacré à Richard Lester ; Des entretiens avec Marco Bellocchio, François Ozon, Sam Mendes et Laura Poitras ; Les critiques de Goutte d’or, Eternal Daughter et Houria ; Les chroniques festivalières, notre sélection DVDs, des notes de lecture… Et bien plus encore !
« Un festival qui rassemble dix des meilleurs films documentaires sortis en salles durant l’année. Cette quatrième édition, sous le signe de l’année du documentaire, met en valeur différentes formes documentaires et réunit des longs métrages sortis en 2022, des courts métrages des cinéastes sélectionnés, un film en avant-première, un documentaire de patrimoine, une œuvre bonus et des documentaires sonores. Autant de cinéastes remarquables qui accompagneront les œuvres pendant toute la durée du festival. » Tous les renseignements sur https://www.bestofdoc.fr/
Un éclairage particulier pour l’édition de cette année, car, comme vous le savez 2023 est l’Année du Documentaire. Annoncée ce 23 janvier par la Ministre de la Culture et le Président du CNC à l’occasion du Fipadoc, vous en trouverez la présentation et le dossier de presse sur le site du CNC : https://www.cnc.fr/professionnels/actualites/annee-du-documentaire-2023_1854694
Nombre de billets vendus en 2022 : 151 970 000 Comparatif sur les quatre premières semaines des deux années
Il est encore trop tôt pour crier victoire, mais les premiers résultats de 2023 comparés à ceux de 2022 sont encourageants. Notons toutefois dans que les deux années précédentes, privés par période de salles, les spectateurs se sont tournés vers les plateformes, ce qui a entraîné des modifications dans leur mode de « consommation » des films.
294 JOURNÉES DE FERMETURE 2022 ne peut totalement être considérée comme une année de référence, car c’était la première année de «pleine ouverture» après deux années largement perturbées par les contraintes et les fermetures sanitaires, 162 journées en 2020 et 132 journées en 2021. La reprise en 2022 n’a pas permis à l’exploitation de retrouver les bons résultats de 2019 puisqu’il manquait à l’appel 39% de spectateurs à la fin de l’année 2022. Sur les premiers résultats de 2023 ce pourcentage est tombé à 25% dans un contexte général d’incertitudes et de préoccupations peu propice à la fréquentation des salles. L’évolution est donc positive sur la fréquentation globale.
LA SURVIE DES SALLES En revanche une autre question demeure, la survie des salles dont la trésorerie a été très affectée par le mois de fermeture, même si les Pouvoirs Publics ont apporté des aides en particulier sur les salaires. Si nous parlons de survie c’est un terme excessif, mais il faut nous interroger sur la situation économique des cinémas qui connaît depuis quelques années, et sans rapport direct avec la situation sanitaire, une très importante différence entre les grands circuits et les autres cinémas. En effet comme le montre une intéressante étude du Film Français, en 2022 les dix premiers circuits regroupant 303 cinémas sur un total de 2028 (et 2883 écrans sur un total de 6193) ont vendu 99 461 435 billets sur un total de 151 970.000. Ces quelques chiffres montrent bien que le commerce de l’exploitation cinématographique est extrêmement diversifié, sans oublier de rappeler que dans 36 Départements seules 5 à 12 communes sont équipées d’un cinéma.
DES INITIATIVES DIVERSIFIÉES Devant cette diversité les réactions des professionnels sont bien sûr différentes. Nous vous avions d’ailleurs présenté dans notre dernier numéro les premières réalisations concernant la modification dans l’équipement des salles afin de proposer un meilleur confort aux spectateurs. Il faut bien entendu attendre plusieurs mois pour voir si cela aura une influence sur la fréquentation, d’autant que le nouvel équipement de la salle entraîne généralement une augmentation du prix d’entrée. D’autres évolutions étaient d’ailleurs en cours avant la crise, l’évolution du rôle de la salle de cinéma conçu comme un lieu de diffusion culturelle (opéra, théâtre, etc…), et beaucoup d’exploitants ont cherché à développer les contacts avec les spectateurs en organisant des avant-premières ou des débats après les projections, et en prenant contact avec les associations locales.
UN PROGRAMME EUROPÉEN Les difficultés de l’exploitation ne sont pas bien sûr uniquement nationales, l’Europe en avait conscience puisqu’elle a lancé en 2019 un programme que nous vous avions présenté et que l’on peut considérer comme prémonitoire «Les cinémas comme pôles d’innovation pour les collectivités locales», et qui était destiné à «créer des pôles culturels innovants autour des salles de cinéma, notamment dans les zones où les infrastructures cinématographiques et culturelles sont limitées».
EN RESUME, QUELQUES PISTES Ces quelques exemples montrent bien qu’il y a plusieurs pistes pour sortir de la crise, en particulier l’amélioration des conditions matérielles et ensuite la recherche de contacts plus étroits avec les spectateurs des salles obscures, le rôle du cinéma comme lieu pluriculturel.
D’AUTRES QUESTIONS DEMEURENT Outre les débats sur la salle, la chute de la fréquentation a redonné vigueur à un débat traditionnel dans le monde du cinéma : quel type de film faut-il proposer pour faire revenir les spectateurs ? Et en annexe, ne produit-on pas trop de films ?
EN CONCLUSION, ces questions ne doivent pas occulter le fait que tous les moyens de diffusion de l’image animée occupent aussi le temps libre du spectateur. Quelle place la «consommation» des films tiendra-t-elle dans son temps libre, et par quels canaux de diffusion choisira-t-il d’y accéder ? C’est finalement le comportement du spectateur des années à venir qui tranchera.
Claude était l’exploitant du cinéma «L’Espace St-Michel» à Paris, l’une des plus anciennes salles de la ville, dont nous avions d’ailleurs fêté le centenaire à l’occasion du Beaujolais Nouveau de 2012 (voir notre invitation ci-dessous qui reproduisait la façade du cinéma en 1912). Une famille d’exploitant depuis 1912 cela force le respect. Mais plus même que la longévité de la salle il faut saluer son opiniâtreté à maintenir coûte que coûte une programmation pointue. Claude avait présenté les spécificités de sa salle, et ce dans le difficile contexte actuel, lors de nos dernières rencontres de La Rochelle. Vous pourrez retrouver ci-dessous des extraits de son intervention, parue dans notre bulletin « En Bref » de Septembre-Octobre 2022.
Notre ami Jean-Luc Gonneau revient sur sa longue amitié avec Claude. Ils partageaient le goût d’un cinéma exigeant et des passions politiques (les leurs, mais peut-être pas les vôtres !) et encore des projets jusqu’au bout…
« Voilà plus d’un demi-siècle que j’ai rencontré Claude Gérard. Nous fréquentions alors H.E.C. (nul n’est parfait) et, dans ce désert culturel (il y avait quand même, chaque mois, un ciné-club), nous liâmes une solide amitié, scellée par une présence assidue au seul bistro du coin. Nous eûmes dans les années qui suivirent, maintes activités communes, notamment dans le domaine de l’éducation et de la formation, mais j’en resterai ici à celui du cinéma. Après la reconstruction post incendie du Saint-Michel, nous créâmes l’association « Résistance 7e Art », vouée à la défense des filières du cinéma indépendant face aux «majors» de la profession. Nous réussîmes a mobiliser ces acteurs, notamment lors de débats organisés au Saint-Michel à des moments importants dans l’évolution du cinéma, tels le passage de la pellicule au numérique ou l’arrivée des cartes illimitées. Parce que Claude Gérard était aussi un citoyen engagé, ce que sa programmation illustrait bien, nous organisâmes chaque jeudi durant deux mois lors de la campagne sur le référendum sur le traité constitutionnel européen un « Jeudi Non », débat illustré par des courts métrages, devant une salle pleine à craquer, avec des intervenants de haut niveau parmi lesquels Christiane Taubira. Au moment où cette brutale et fatale maladie l’a frappé, nous étions en train de travailler à la création d’une association des amis de l’Espace Saint-Michel. Tant de souvenirs, tant de soirées d’échanges et de rires (Claude avait un sens de l’humour aiguisé) autour d’un verre, ou plus exactement de plusieurs verres : Claude nous manque déjà très fort. » Jean-Luc Gonneau
Claude GERARD a toujours eu le courage de défendre des films « difficiles » quelle que soit la cause de ces difficultés. L’exemple le plus frappant en est la décision qu’il a prise en programmant « La Dernière Tentation du Christ » de Martin Scorsese. Un groupe d’extrême droite se prétendant catholique a détruit le cinéma. Wikipédia rappelle cette agression
La FNCF annonce l’édition 2023 du Printemps du Cinéma :
« Le Printemps du Cinéma revient dans tous les cinémas ! Parce que LA salle de cinéma est le lieu et l’écrin incomparables pour découvrir ou revoir des films en tous genres, Le Printemps du Cinéma permet à tous les spectateurs de profiter de l’expérience de la salle de cinéma seul ou à plusieurs, en famille ou entre amis, à un tarif réduit et unique qui donne envie de voir plein de films pendant ces 3 JOURS !«
Dimanche 19 mars, Lundi 20 mars et Mardi 21 mars, 5€ dans les salles participantes. Tous les détails ici : https://www.printempsducinema.com/
Au sommaire ce mois-ci : Le dossier mensuel, consacré à Steven Spielberg Les critiques de Tár, The Fabelmans, Traces… Un chantier de réflexion qui revient sur l’évolution du cinéma durant la Seconde Guerre mondiale Les chroniques festivalières, notre sélection DVDs, des notes de lecture
Observatoire de la diffusion et de la fréquentation cinématographiques
Ce 17 janvier, le département des études du CNC publie les conclusions de l’Observatoire de la diffusion et de la fréquentation cinématographiques. Des données importantes pour mieux comprendre la situation après 300 jours de fermeture des salles en 2020 et 2021 et un contexte de reprise difficile en 2022.
Comme chaque année, La Cofécic*, regroupant les fédérations de ciné-clubs Inter Film (Paris) et la Fédération des ciné-clubs de la Méditerranée (FCCM, Bézier), grâce aux subventions accordées par le CNC, est en cours d’acquisition des sessions de droits d’une vingtaine de films. Ces films ont été choisis par nos soins, selon des critères évidemment subjectifs auxquels ces choix sont soumis chaque année. La moitié environ de ces films est représentative d’un patrimoine international dont nous tenons, plus que jamais, à faire la promotion auprès des ciné-clubs intéressés. L’autre moitié concerne des films contemporains d’origines variées, dont certains très récents, qui ont attiré notre attention en salle ou au sein d’un festival. Ces sessions de droit, qui restent généralement actives sur cinq ans, nous permettent de proposer un petit catalogue, que nous avons intitulé Rubans de rêve (en hommage à Orson Welles), de grande qualité, à des prix très modestes. Cela permet notamment aux nouveaux ciné-clubs de commencer leur première saison dans de bonnes conditions financières et d’avoir un premier retour sur leur public sans que les subventions aient nécessairement été mises en place dès la création du club. Mais bien des clubs affiliés plus anciens font également appel à ce catalogue, attirés par sa qualité et ses prix réduits. Cette année, nous avons décidé de jouer la carte du patrimoine sur l’Italie (Dino Risi) et les États-Unis (Preminger, Mankiewicz, Losey). Côté contemporain, trois films datant d’il y a moins de trois ans, ainsi que deux films d’animation japonais. Nous constatons jour après jour, au vu des retours apportés par nos ciné-clubs affiliés, que ce catalogue de films, petit en quantité mais vaste par sa qualité et sa diversité, est très apprécié par les clubs. Il est devenu, au fil des ans, une sorte de porte-étendard de ce que nous considérons être l’un des moteurs du mouvement ciné-clubs : la promotion, pour un public éclairé, d’un patrimoine souvent méconnu ou oublié et de films contemporains internationaux dont la visibilité en salle et en festivals est réduite et éphémère. Notre excellent rapport avec certains distributeurs privilégiés, ainsi que la confiance que continue, année après année, à nous accorder le CNC, nous permettent chaque année de mener les négociations dans de bonnes conditions et de mettre à la disposition des ciné-clubs les nouvelles acquisitions de l’année. Nous vous tiendrons très prochainement au courant des nouvelles acquisitions confirmées, que vous pourrez retrouver en ligne sur notre site à l’adresse suivante : http://cineclubs-interfilm.com/catalogue-rubans-de-reve/
Le CNC a publié ce 02 janvier le bilan de la fréquentation en salle en 2022 :
« A 152 millions d’entrées en 2022, fort rebond de la fréquentation dans un contexte encore atypique. La fréquentation des salles de cinéma atteint 152 millions d’entrées en 2022. Si ce résultat est en retrait de -26,9% par rapport à la période pré-Covid (et à la moyenne historiquement élevée des exercices 2017 à 2019), il intervient dans une année atypique, avec d’une part des restrictions sanitaires qui n’ont été complètement levées qu’au mois de mars, et d’autre part une offre de films porteurs qui n’était pas encore équivalente à celle des années pré-Covid. »