
Pour bien montrer qu’il n’y a pas de tromperie sur la marchandise, le film débute par un assez long plan séquence mêlant chant et danse, tourné sur une bretelle d’autoroute de Los Angeles, sorte de clip multiculturel. Passé cette scène d’ouverture un peu épuisante et plutôt décorrélée du reste du récit, l’aspect comédie musicale s’étiole assez vite pour raconter une histoire d’amour contrariée entre deux artistes, un pianiste de jazz et une apprentie comédienne, qui s’aimeront, s’épauleront et essaieront de ne pas trop faire de concessions dans leurs vies. Un scénario assez faiblard qui ne tarde pas à devenir gentiment ennuyeux.
On peut se demander si le choix de Ryan Gosling au jeu un peu falot et celui d’Emma Stone, ici dans l’émotion forcée, était vraiment approprié, d’autant que malgré leur bonne volonté, il manque aux deux comédiens une certaine grâce dans les rares moments chorégraphiés, qui tombent d’ailleurs toujours un peu comme un cheveu sur la soupe. On peut aussi regretter l’absence de seconds rôles intéressants à l’exception de l’amusant JK Simmons qui incarne le patron d’une boite de nuit. Privilégiant une sensiblerie un peu factice au détriment de la légèreté et de la drôlerie, Lala Land est nullement truculent, même si parfois on peut sentir l’esprit de Woody Allen planer ici et là.
Reste quand même une mise en scène soignée, de belles vues en Cinemascope de la terne Los Angeles, un goût assumé pour le rétro « coloré » et la confirmation de l’intérêt que porte Damien Chazelle, l’habile réalisateur, au monde du jazz depuis Whiplash, son précèdent opus, bien plus prenant.
Michel Senna