Notre lettre  » En Bref » Nov-Dec 2023

Edito

L’année 2023 s’achève sur un paysage cinématographique en mouvement, faisant naître quelques inquiétudes. Tout d’abord différents rapports d’élus intéressés parus au cours de l’exercice 2023 et dont nous vous avons fait part dans les précédents numéros de ce bulletin, et l’inquiétude soulignée par l’édito du Film Français « Le cinéma fragilisé au Sénat », née lors du débat au Sénat sur l’examen de la loi de finances 2024, au cours duquel des amendements ont paru menacé le crédit d’impôt international et les SOFICA. Mais heureusement les amendements n’ont finalement pas abouti. Plus inquiétant encore, les menaces qui pèsent sur la territorialité des droits et le géoblocage dont nous vous présentons ci-contre un communiqué publié par 32 organisations de cinéma et d’audiovisuel. Le débat a lieu au Parlement Européen depuis le 12 décembre.

Tous ces éléments nourrissent des interrogations sur la suite qui pourrait être donnée aux différentes propositions contenues dans le rapport du Sénateur Karoutchi, et le rapport demandé par la Ministre de la culture et le Ministre des finances à Bruno Lasserre. Sans oublier le rapport de la Cour des Comptes sur le CNC. Les Rencontres de l’ARP ont vu également deux interventions sur l’avenir du cinéma : celle d’Olivier Henrard Directeur général délégué du CNC et de Quentin Bataillon Député de la Loire concernant un « plan ciné-clubs auprès des scolaires », qui est par ailleurs auteur d’une proposition de loi visant à soutenir l’engagement bénévole et à simplifier la vie associative. Tous ces éléments montrent que l’exercice 2024 sera très important pour le cinéma. Nous aurons donc à y revenir dans nos prochains numéros, et bien entendu suivre aussi cette actualité dans notre newsletter.

L’année 2024, année des jeux olympiques et para-olympiques et des élections européennes, sera sans doute difficile pour les salles.

On ne saurait terminer cet éditorial sans s’interroger sur l’impact des jeux, dont on peut craindre qu’ils détournent les spectateurs des cinémas. Mais si l’on est optimiste, on peut espérer que le public des Jeux qui ne sera pas spectateurs de toutes les compétitions deviendra donc sur son temps libre spectateur en salle ! Soulignons que le CNC, dans un article intitulé « Le CNC à l’heure de l’Olympiade culturelle », a présenté sur son site le programme déployé en France à l’occasion des prochains Jeux, dont l’ambition est faire dialoguer le sport, les valeurs de l’Olympisme et la culture sur l’ensemble du territoire, à travers ses dispositifs d’éducation à l’image, des ciné-concerts. 2023 est l’année où le cinéma a reconquit son public, montrant sa capacité à surmonter les difficultés. Nul doute qu’il en sera de même en 2024.

D’ici là, très bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous.

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OU LIRE LES ARTICLES CI-DESSOUS

Territorialité des droits/exception de géoblocage


Le cinéma et l’audiovisuel alertent sur les dangers d’une réouverture
des discussions au parlement Européen.
Le 29 novembre dernier des cinéastes ont exprimés leur opposition à la suppression du géoblogage : Jean-Pierre et Luc Dardenne, Costa Gavras, Jeanne Herry, Agnieszka Holland, Pierre Jolivet, Cédric Klapisch, Claude Lelouch, Daniele Luchetti, Nathalie Marchak, Radu Mihaileanu, Cristian Mungiu, Olivier Nakache, Jaco Van Dormael et Volker Schlöndorff.

Lire leur communiqué : Nous, auteurs, réalisateurs, producteurs, éditeurs-distributeurs de films, détenteurs de catalogues, industries techniques, vendeurs internationaux, exploitants de cinéma, éditeurs vidéo, diffuseurs télévisuels, appelons unanimement les députés européens à se mobiliser en faveur de la diversité de la création, et par conséquent à freiner toute remise en question de l’exception existante pour les services audiovisuels dans le Règlement de 2018 sur le Géoblocage.
La territorialité des droits, pilier du droit d’auteur, est garante de la diversité de la création, ainsi que de la vitalité de l’économie de notre filière. Elle permet en effet aux ayants-droit d’accorder une exclusivité à chaque diffuseur d’une zone géographique européenne donnée. En excluant les services audiovisuels du Règlement de 2018, l’Europe remplit ainsi un objectif essentiel de politique culturelle, sans pour autant empêcher les Européens d’accéder aux œuvres, grâce notamment à la portabilité des abonnements lorsqu’un citoyen d’un pays se déplace dans un autre pays membre de l’Union.
Les rapports d’initiative et pour avis sur la mise en œuvre du Règlement européen Géoblocage, adoptés par la Commission des affaires juridiques et la Commission du marché intérieur du Parlement européen, se trompent de combat.
L’exclusivité territoriale est garante de la diversité culturelle européenne : diversité des financements, diversité des œuvres, diversité des rémunérations pour les auteurs, diversité des supports de diffusion, diversité des publics. Elle permet aux distributeurs locaux européens, qui contribuent grandement au financement en amont, de diffuser les œuvres de façon organisée et séquencée sur tous les territoires, au plus près des publics et de leurs spécificités.
C’est pourquoi, dans la perspective du vote en séance plénière du rapport d’initiative de la Commission Marché intérieur, nous demandons aux députés européens de soutenir les amendements qui préservent l’exclusivité territoriale actuellement accordée aux diffuseurs. La remettre en question serait une grave erreur politique, économique et culturelle. » 

Observatoire de l’égalité femmes / hommes


Le CNC vient de publier les résultats de l’étude de l’Observatoire de l’égalité Femmes-Hommes. Retrouvez l’étude complète sur le site du CNC.
Cette étude commence par la contextualisation avec les objectifs fixés par le ministère de la culture pour les années 2018-2022 : Produire des données genrées pour disposer d’une connaissance fine du secteur et mieux comprendre les enjeux ; Promouvoir la place des femmes dans les domaines du cinéma, de l’audiovisuel et des jeux vidéo et favoriser  l’emploi de femmes sur les postes clés de la production des films ; Lutter contre les stéréotypes auprès des plus jeunes ; Lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Elle se poursuit par la présentation détaillée des points suivants :
– L’emploi des femmes dans les secteurs cinématographique et audiovisuel ;
– La place des femmes dans la réalisation et l’écriture de programmes audiovisuels ;
– La place des femmes dans la réalisation de films cinématographique ;
– Le passage aux deuxièmes et troisièmes films ;
– Un sondage sur le parcours des cinéastes ;

Et elle se conclut pour les points à retenir :
Des avancées réelles et continues concernant la présence des femmes dans les secteurs audiovisuels et  cinématographiques, notamment derrière la caméra.
Les principaux enjeux sur l’emploi.
Et remarque particulièrement parmi les cinéastes, des différences notables selon le genre.

Loisirs des villes, loisirs des champs ?

Le Ministère de la Culture vient de publier son enquête périodique sur les pratiques culturelles des Français. Comme vous le voyez, elle est consacrée à une comparaison entre les pratiques culturelles du milieu rural et celles du milieu urbain. Cette étude présente pour nous un intérêt particulier, dans le contexte de notre action pour développer les ciné-clubs en milieu rural. L’étude complète est disponible sur le site du Ministère.
Nous publions ci-après la partie de cette étude qui en résume les conclusions.
Les loisirs des urbains et ceux des ruraux sont-ils de nature et d’intensité comparables? En d’autres termes, vivre en ville ou à la campagne dessine-t-il des univers de loisir différents ? L’enquête sur les pratiques culturelles de la population menée en 2018, croisée avec la grille communale de densité qui caractérise les territoires, permet d’approcher des caractéristiques selon le lieu de résidence de la population. Celles-ci sont établies à partir de l’observation d’une quinzaine de pratiques relevant des loisirs culturels (sorties au musée, au spectacle, en festival, à la bibliothèque ou encore au cinéma), médiatiques (écouter la radio, des podcasts ou regarder la télévision) et ordinaires (activités d’autoproduction comme bricoler, tricoter, jardiner ou cuisiner). L’étude mobilise également des indicateurs de proximité des personnes aux équipements culturels selon le type de territoire où ils résident. Ainsi, les habitants de l’urbain dense et ceux du rural dispersé et très dispersé se distinguent par les activités de loisir qu’ils pratiquent pendant leur temps libre.
La sortie culturelle au musée ou au spectacle, liée en partie à un effet d’équipement, est ainsi moins prisée des habitants du rural, lesquels sont plus nombreux à écouter la radio et à regarder la télévision que ceux de l’urbain dense. Bien que les bibliothèques et les cinémas soient les premiers équipements culturels de proximité, leur fréquentation reste liée au niveau de diplôme et à la catégorie socioprofessionnelle, cumulés à un net effet territorial. À l’inverse, la fréquentation de festivals, présents sur l’ensemble du territoire, n’a pas d’effet territorial discriminant pour les ruraux. Tout comme pour les autres activités d’autoproduction que sont le bricolage, le jardinage ou les travaux d’aiguille, les ruraux et les cadres sont, dans l’ensemble, plus engagés dans la pratique que les urbains ou les ouvriers. Aux caractéristiques sociales des individus s’ajoute donc un effet territorial plus ou moins marqué selon les activités. L’éloignement des centres urbains, où se concentrent l’offre culturelle et les services, explique en partie cet effet territorial, qui concerne cependant moins les cadres et les diplômés du supérieur.
L’étude conseille aussi la lecture complémentaire de :
« Atlas Culture : dynamiques et disparités territoriales culturelles en France » par Edwige  Millery, Jean-Cédric Delvainquière, Ludovic Bourlès, Sébastien Picard. Téléchargeable sur le site du Ministère de la Culture
Ainsi que le site de « L’Atlas Culture des territoires »

Des nouvelles du cinéma

100 films en compétition pour le prix Alice Guy 2024
« Lancée en 2018, l’ambition du Prix Alice Guy répond à plusieurs objectifs : Pallier l’absence récurrente de réalisatrices dans les grands palmarès annuels ; Promouvoir une réalisatrice et l’encourager à monter de nouveaux projets ; Donner une deuxième chance à la diffusion du film primé ; Valoriser le travail des femmes cinéastes ; Mettre en valeur la filiation entre la pionnière Alice Guy et les réalisatrices d’aujourd’hui ; Faire découvrir sur grand écran l’incroyable production d’Alice Guy ».
Pour voter, avant le 21 janvier 2024, rendez-vous sur le site du Prix Alice Guy.

Marie Amelier nommée conseillère technique culture auprès de la Première Ministre ;
Laurence Franceschini reconduite dans ses fonctions de médiatrice du cinéma.

« French Convention 2024 »
Destinée aux exploitants, et organisée par le Film Français, la 10e édition se tiendra les 23 et 24 janvier 2024 au Grand Rex à Paris. Films en avant-première de distributeurs français et américains, découverte des catalogues de nombreux distributeurs de films. Tous les détails sur la page dédiée du site du Film Français
Baromètre Cofac : c’est reparti !
Dans le dernier d’En Bref, nous partagions avec vous les résultats du 6ème baromètre. Deux fois par an, la COFAC – dont Territoires et Cinéma est membre – sonde les associations culturelles et fait un état des lieux de leur situation afin de mieux comprendre et anticiper leurs besoins. Le 7ème baromètre est donc lancé. Bénévolat, formation des bénévoles, vie associative et perspectives pour 2024, répondez en moins de deux minutes à cette nouvelle édition avant le mercredi 3 janvier 2024 !
Opérationdoc
2023 a été l’année du documentaire. Pour conclure cette année en beauté, notez que depuis le 05 décembre et durant 45 jours vous aurez accès à plus de 45 films documentaires, disponibles exceptionnellement gratuitement sur ce site  » opération doc ».

Deux publications

Observatoire des politiques culturelles : L’évolution des dépenses culturelles locales
Des perceptions divergentes au sein du monde de la culture : « les données issues du baromètre de l’OPC sur les dépenses des collectivités territoriales livrent des enseignements plutôt positifs, et pourtant l’inquiétude demeure au sein des milieux culturels. comment comprendre ce décalage qui s’exprime aujourd’hui entre la perception des responsables des collectivités et celle des acteurs culturels ? Guy Saez avance plusieurs hypothèses. 

CNC : Les tendances de l’animation Française
Présenté à Angoulême, le 23 novembre 2023, il ressort de la publication les conclusions suivantes : L’animation audiovisuelle : un secteur toujours dynamique, dans un paysage en mutation. Une production cinématographique française limitée mais constante et diversifiée. Une excellence de l’animation française reconnue à l’international.
A consulter sur le site du CNC
Festival des 3 continents – palmarès 2023
– Montgolfière d’or : The shadowless tower (Bai ta zhi guang) de Zhang Lu
 – Montgolfière d’argent : Le spectre de Boko-Haram  de Cyrielle Raingou.
    (Prix doté par le festival et le conseil départemental de Loire-Atlantique)
L’intégralité du palmarès sur le site du festival
A vos agendas : Printemps et Fête du cinéma 2024
Printemps du cinéma du 24 au 26 mars 2024.
         Fête du Cinéma du 30 juin au 3 juillet 2024.