IMPITOYABLE
Quelle bonne idée de ressortir le dernier western réalisé par Clint Eastwood et qui a remporté, en 1993, une avalanche d’Oscars et autres prix. Le comédien et réalisateur qui avait déjà signé trois œuvres importantes du genre que sont : L‘homme des hautes plaines, Josey Wales hors-la-loi et Pale rider – signe un western d’un superbe classicisme, digne de John Ford qui démythifie l’Ouest américain, comme l’avait fait en son temps Henry King avec La cible humaine.
Impitoyable est dédié à Sergio (Leone) et Don (Siegel), deux mentors de Clint qui l’ont mis « en selle ». Eastwood y incarne Will Munny un fermier veuf et père de deux enfants. Vivant à la dure, et dans le besoin, l’homme accepte de renouer avec son passé lointain de tueur pour empocher quelques dollars. Commence alors une virée plutôt éreintante, avec deux complices, pour mener cette expédition punitive qui ne se passera pas comme prévue. Outre Clint dont le jeu est d’une grande intensité, l’interprétation est tout à fait remarquable. Eastwood a réuni de très grands comédiens (Gene Hackman – Morgan Freeman – Richard Harris) pour le seconder dans ce western crépusculaire atypique par son réalisme.
L’œuvre qui bénéficie d’une superbe profondeur de champ et de somptueux décors naturels, amène aussi à une réflexion sur la véracité des légendes de l’Ouest et la violence, qu’elle émane d’un cow boy qui taillade violemment une prostituée, d’un autre qui croit facile d’exécuter un homme ou d’un shérif impulsif un brin sadique.
Bref, du très grand Eastwood qui atteint là l’un des sommets de sa longue et fructueuse carrière.
Michel Senna