Pour lire la lettre : En Bref MaiJuin 2016 DEF
Saturation du marché ou vitalité de la création ?
Cette question est d’autant plus actuelle
qu’elle se pose dans un contexte en pleine
évolution, les films n’étant plus exclusivement
destinés aux salles de cinéma, qui elles-
mêmes diffusent sur leurs écrans d’autres
productions : pièces de théâtre, visite
d’expositions, concerts, compétition sportives,
et même séries télévisées. Dans tous les cas
demeure l’interrogation : saturation du
marché ou vitalité de la création .
Ce sont effectivement les deux termes
présentant l’analyse du secteur réalisation de
l’industrie cinématographique en France.
Contrairement aux apparences, ces termes
ne sont pas antagonistes car ils sont tous le
deux justifiés l’un s’inquiétant pour la bonne
santé économique du cinéma et l’autre se
félicitant de voir se développer la part prise
par le cinéma dans la création artistique.
S’ils ne sont pas antagonistes, sont-ils pour
autant conciliables ? Probablement pas car
l’industriel a pour objectif un rapport entre
l’offre de produits et la demande du public
tandis que le créateur entend sauvegarder la
liberté d’expression et le droit à l’innovation.
Mais le cinéma et, dans une moindre mesure,
ce qu’il est convenu d’appeler le spectacle
vivant, posent des problèmes différents de
ceux rencontrés par la littérature, la sculpture,
la peinture.
Dans le premier cas, les investissements
nécessaires sont importants et se pose donc
la question de la rentabilité alors même que
le temps durant lequel elle peut être
recherchée se réduit de plus en plus.
Le second cas est radicalement différent, les
contraintes matérielles sont bien moindres et,
si un livre, une toile ou une sculpture ne
rencontrent pas leur public, cela n’empêche
pas pour autant le créateur de poursuivre son
œuvre.
Mais pour autant le rôle de l’éditeur ou celui
du galeriste demeurent essentiels pour que le
créateur rencontre un public. C’est pourquoi
un équilibre doit sans cesse être recherché
entre le marché et la création. C’est le rôle
que s’efforcent de jouer les aides publiques,
avances sur recettes, TSA, achat par les
FRAC, soutien aux éditeurs et à la presse et
même, de fait, statut des intermittents. Peut-
être inventera-t- on des systèmes plus
efficaces dans l’avenir, mais, en attendant,
efforçons-nous d’améliorer ceux qui existent.